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22/04/2014

L'homme : un grand gosse qui n'a rien d'un enfant

«L'enfance est terriblement sérieuse, ne l'oubliez pas. Un enfant engage tout son être. Et nous, hommes graves et mûrs ? A quoi sommes-nous prêts à engager tout notre être ? Nous tenons trop à notre chère carcasse.» Vercors pointait ainsi un de nos travers dans une société où une fois installé, il y a plus à perdre qu'à gagner. "Parvenu à une situation qui assure l'aisance et le confort", qui serait prêt à tout remettre en jeu ?

Serions-nous devenus une société de parvenus, de nouveaux riches et de "gosses de riches", de "fils et filles à papa" sans goût, qui étalent leurs richesses avec ostentation à la face du quart-monde et du tiers-monde, et tirent avantage de leur position sans penser à après eux ? Et nous serions-nous embourgeoisés, roulant les mécaniques mais en fait ronronnant roulés sur nous-mêmes et n'ayant plus grand-chose dans le ventre ?

Et peut-on encore parler de civilisation si plus rien n'est construit pour durer, si l'on se moque de tout ce qui pourrait advenir après notre mort ? Tout serait-il dorénavant voué au temps, à l'usage, à la destruction, y compris les œuvres de l'homme ? Tout deviendrait-il produit de consommation ? Et les hommes actuels seraient-ils en réalité des petits capricieux, réclamant à cor et à cri de nouveaux "jouets" pour les casser aussitôt ?

Oui, «Beaucoup d'hommes n'engagent jamais leur être» écrivait aussi Georges Bernanos, c'est-à-dire refusent de se "mettre dans une situation qui crée des responsabilités et implique certains choix". Menant une vie sans engagement, ils ne savent pas ce qu'ils veulent et changent d'opinion à tout moment. Caractères sans consistance, ils ambitionnent de faire de grandes choses mais ne s'en donnent pas les moyens.

De tels individus "sans fermeté, irrésolus", irréfléchis et changeants, incapables de faire des choix et de s'y tenir, de prendre leurs responsabilités, de s'exposer, de s'assumer et d'assumer, doivent toutefois donner le change à ceux qui les entourent. Ils se composent un personnage dont les attitudes et les expressions masquent leurs abdications. Et ils font du sentiment là où seules la raison et l'action devraient avoir leur place.

Ces "gamins" impulsifs agissent "selon leur fantaisie", "par humeur et non par raison, par volonté". Coups de tête, foucades, tocades sont leur quotidien. Pleins de bonnes résolutions sans lendemain, de promesses en l'air, d'engagements non respectés, d'obligations non remplies. Trop gâtés et "sur la défensive", ils ne se donnent pas entièrement, mesurent leur peine, leurs efforts, ils comptent quand un enfant lui ne compte pas.

23/04/2013

Les assurances n'évitent pas le danger

"Risque zéro", cette expression à la mode nous en dit peut-être plus que nous ne le pensons sur notre drôle d'époque. Le zéro est d'ailleurs un "héros" pour nos concepteurs de formules prêtes à l'emploi. "Prêt à taux zéro", "tolérance zéro", "croissance zéro"..., la liste est longue de ces tournures ou clichés nous signifiant que dans les cas évoqués, le risque, le taux, la tolérance ou la croissance sont nuls ; inexistants.

Le risque, dans les deux sens de "danger éventuel plus ou moins prévisible" ou "fait de s'exposer à un danger (dans l'espoir d'obtenir un avantage)", n'est pas exactement celui qui nous intéresse. Il est davantage question en effet ici de l’"éventualité d'un événement ne dépendant pas exclusivement de la volonté des parties et pouvant causer la perte d'un objet ou tout autre dommage". Mais en fait, les trois sens se rejoignent.

Par extension poursuit Le Petit Robert, c'est un "événement contre la survenance duquel on s'assure". Dans une société "pleine de risques", il n'est donc pas surprenant que l’"assurance tous risques" ou "multirisque" batte son plein. Surtout quand vivre ou faire quelque chose "à ses risques et périls" devient inacceptable, quand la sécurité constitue la demande première d'individus peu préparés à "prendre des risques".

Les "facteurs de risque" sont multiples dans nos organisations complexes et progressent parallèlement aux techniques. La pression du marché rend moins prudents des décideurs (qui souvent ne sont pas les payeurs), et les autorisations de mise sur le marché sont parfois données légèrement, sans estimation précise des risques, "au risque de" commettre l'irréparable. Les risques sont de moins en moins "calculés".

"Il n'y a aucun risque", "pas de danger" nous disaient nos parents dans notre enfance pour nous pousser à oser, à risquer. Aujourd'hui le risque n'est plus nul pour n'importe quelle activité ; sans parler des risques sociaux. Tout est "à risque(s)". Et les compagnies d'assurances l'ont compris. L'une d'elles affirmait dans une publicité : «Non. Le risque zéro n'existe pas», et signait son logo d'un slogan : «Faire face avec vous».

Face à un monde de tous les dangers, nous voici bardés d'assurances en tous genres. Mais celles-ci, comme la peur qu'inspire cette société, qui paralyse ou fait fuir, n'évitent pas le danger. Mieux vaudrait la prévention que la réparation, et un développement modéré et prudent - responsable - pour nous rassurer. Et nous redonner de l'assurance, nécessaire pour entreprendre ; car dans la vie, "on n'a rien sans risque", zéro !