Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/01/2014

Continuer sur sa lancée

L'abbé Pierre a rendu sa pèlerine le 22 janvier 2007. Et sa mort fut comme le couronnement de sa vie, suivant les mots de son ami de jeunesse François Garbit qui, officier méhariste au Sahara, tué en 1940, lui écrivait aussi : «Chacun fait ce qu'il veut de la vie. Les uns la traînent dans la boue. En quoi salissent-ils la nôtre ? Ils nous montrent en quoi on peut la rendre ignoble. Profitons de la leçon, et faisons-la splendide !». Celle de l'abbé Pierre le fut.

Son Testament..., il le fit paraître en 1994 chez Bayard. Sa vie durant, contre le crime d'indifférence et au nom du devoir d'indignation, il s'est élevé et a interpellé les gouvernants et les peuples, «coupables» ou «complices» «de non-assistance à personnes en danger». Mais s'il a cherché à réveiller les consciences, il a surtout fait «ce qu'il y a au monde de plus difficile» d'après Goethe : il a agi selon sa pensée ; ayant en aversion la passivité.

«C'est la foi qui donne à l'homme l'élan qu'il faut pour agir» écrivait Martin du Gard. Cette phrase qui garde toute son actualité (quelle que soit la foi, sacrée ou profane), convenait parfaitement à l'abbé Pierre qui, l'âme chevillée au corps, a soulevé des montagnes par sa foi, sa foi en Dieu mais aussi «cette foi dans les "possibles" de chaque homme, et la volonté d'aider chacun à construire sa dignité». Toute son action fut élan de foi.

C'est cette foi et cette volonté inébranlables «qui ont fondé les premières règles des Chiffonniers : 1. Jamais nous n'accepterons que notre subsistance dépende d'autre chose que de notre travail. (...) 2. Nous ne formons pas une bonne œuvre avec des assisteurs et des assistés. (...) 3. On travaille sans s'enrichir, et quand le travail produit plus que le nécessaire, on a la joie de donner et de permettre de nouvelles fondations».

Mais le message que laisse l'abbé Pierre est d'abord celui-ci : «La vie, c’est apprendre à aimer». C'était une de ses seules certitudes ; qu'il transmet «à ceux qui vont mener la lutte pour mettre plus d'humanité en tout». Aujourd'hui, le flambeau est passé. Emmaüs a essaimé et continue vaille que vaille sur sa lancée. «Ces bonnes volontés cependant, disait-il, ne remplaceront jamais ce que la société, dans son ensemble, doit accepter : le partage».

Et «Pour que le partage soit vrai, il faut le mettre en œuvre en commençant par les plus démunis». C'est à une inversion de logique qu'appelle l'abbé Pierre : «Oui, que vienne le temps où chacun saura que vivre, c'est aimer, et qu'aimer, c'est servir en premier le plus souffrant. Emmaüs fait entendre partout cet appel». «Servir premier le plus souffrant», «La joie dans le partage»... : presque des slogans. Presque un programme.