13/05/2014
Marchands d'art utilitaire
La marchandisation de l'art parachève sans doute l'établissement d'un âge inédit peut-être dans l'histoire des hommes, un âge où tout peut se vendre pour de l'argent, même ce qui est du domaine du sacré, et l'homme en premier. Eric Dupin, dans son livre Une Société de chiens aux éditions du Seuil, rappelle que «L'art traditionnel remplissait des fonctions finalement assez voisines de celles de la religion ou de la philosophie».
Et l'on peut observer que la religion et la philosophie comme l'art traditionnel semblent avoir connu en même temps, en particulier en Europe, le même discrédit. Un peu comme s'ils ne satisfaisaient plus aux qualités requises, aux conditions exigées par la société de consommation, nouvelle fournisseuse de consolations moyennant finance. "L'art contemporain" naît ainsi sur un tas de "cadavres" et se nourrit de la décomposition.
D'ailleurs le sociologue et philosophe Jean Baudrillard cité par Eric Dupin, affirme que «La majeure partie de l'art contemporain s'emploie à s'approprier la banalité, le déchet, la médiocrité comme valeur et comme idéologie». Et ainsi, l'insignifiance ferait sens, serait signifiante. Et pourquoi pas ? "La dictature du relativisme" interdisant à quiconque d'émettre des jugements de valeur, tout se vaut dorénavant. "Des goûts et des couleurs..."
«Chaque groupe, chaque communauté élabore ses normes, ses critères ; d'où une diversité des normes et des préférences esthétiques et artistiques qui sont en concurrence et laissent peu de place à une forme traditionnelle de l'art qui ne soit pas figée par l'académisme» dit le philosophe Yves Michaud, qui stigmatise «une bureaucratie culturelle qui est une instance de légitimation des activités de l'institution et des artistes eux-mêmes».
Les justifications des "démarches artistiques" soutenant les œuvres, sont d'ailleurs formulées dans un langage obscur pour ne pas dire un verbiage spécieux. La phraséologie culturelle, le jargon employé, n'éclaire en rien le profane mais éteint son sens critique. Dans "le marché de l'art", "l'artiste" auquel tout est permis, étudie le marché, envisage toutes les possibilités et telle une marque, tente de se démarquer pour être remarqué, se faire remarquer.
Objectif : trouver preneur, avoir sa part de marché. "L'œuvre" est destinée à l'échange et à l'usage, à être emportée ou consommée sur place, afin de satisfaire le besoin de se changer les idées, de se distraire pour oublier sa condition d'homme et ses conditions de vie. Elle est un "produit culturel" utilitaire - utile aux gens, à la cohésion sociale - et jetable - un produit chassant l'autre. On achète ainsi sa tranquillité d'esprit, et la tranquillité publique.
09:28 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la marchandisation de l'art, tout peut se vendre pour de l'argent, le sacré, l'homme, éric dupin, une société de chiens, éditions du seuil, l'art traditionnel, la religion, la philosophie, la société de consommation, fournisseuse de consolations moyennant finance, l'art contemporain, jean baudrillard, la banalité, le déchet, la médiocrité, valeur, idéologie, la dictature du relativisme, jugements de valeur interdits, tout se vaut, des goûts et des couleurs, groupe, communauté, normes, critères, concurrence, yves michaud, bureaucratie culturelle, instance de légitimation, justifications des démarches artistiques, oeuvres, langage obscur, verbiage spécieux, phraséologie culturelle, jargon, éteindre le sens critique, le marché de l'art, l'artiste, une marque, part de marché, l'échange, l'usage, se changer les idées, se distraire, oublier, produit culturel utilitaire et jetable, tranquillité d'esprit, tranquillité publique | Facebook |
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