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07/12/2012

L'humanité à l'état embryonnaire

Rappelons-nous qu'à l'aube du troisième millénaire, dans la mallette de l'apprenti sorcier ("celui qui déchaîne des événements dont il n'est pas capable d'arrêter le cours"), le clonage tenait une place de choix. Non pas qu'il fût vraiment nouveau, mais sa déclinaison humaine et sa reconnaissance technique, mercantile et médiatique lui conféraient dorénavant un statut privilégié.

Pourtant, les applications des recherches en cours étaient loin d'être acquises, et la recherche fondamentale sur les "mécanismes" justement fondamentaux de la reproduction et du développement embryonnaire, n'en était qu'à ses balbutiements. Cela revenait à mettre la charrue avant les bœufs. Et cela avait plus à voir avec la technologie qu'avec la science. Du bricolage !

Cela aurait pu même prêter à rire si l'on n'avait pas parlé de "matériel humain". Cette expression montrait d'ailleurs à quel point l'humain avait été rabaissé au rang d'objet. Et la confirmation par la Cour de cassation de l'arrêt Perruche reconnaissant implicitement un droit de ne pas vivre pour les "anormaux", ne venait que confirmer cette vision purement matérialiste, relativiste voire nihiliste de la vie humaine. Avant que le législateur, la cour administrative d'appel et le Conseil constitutionnel ne reviennent dessus.

Comment en sommes-nous arrivés là : à ce que certaines formes de cette vie humaine soient considérées comme un préjudice pour la société ? Pour comprendre, peut-être faut-il écouter un de nos plus "éminents" spécialistes : «Pourquoi tant d'histoire pour un embryon de quelques jours, alors que le délai légal de l'interruption volontaire de grossesse est passé de 10 à 12 semaines ?!».

Tout est dit. Si l'avortement est autorisé et gratuit, c'est qu'il n'est pas (plus) condamnable. S'il ne l'est pas, c'est parce que l'embryon et le fœtus (à partir de huit semaines) n'ont pas de statut. Ils n'ont donc aucune valeur, puisqu'aucune existence légale. Pourquoi alors interdire la manipulation de ce "truc", l'expérimentation sur ce "machin" et le clonage de ce "bidule" à des fins thérapeutiques ?!

Et de fait, le Sénat sous l'impulsion du groupe radical de gauche vient d'adopter une proposition de loi visant à mettre en place un régime d'autorisation très large sur la recherche sur l'embryon et les cellules souches embryonnaires. Et ce en complète contradiction avec la loi bioéthique du 7 juillet 2011 prévoyant en un tel cas des états généraux ; et alors que les cellules souches "adultes" reprogrammées apparaissent comme la véritable voie d'avenir pour la recherche pharmaceutique.

Abracadabra. Pour certains, plus intéressés peut-être par la maîtrise de la reproduction humaine que par la guérison de maladies, tout le travail notamment juridique a consisté ces dernières années à réfléchir sur un statut de cette "chose", qui préserve le droit à l'avortement, permette toutes les expériences, mais empêche (pour le moment ?) le clonage reproductif. Les Anglais avaient déjà sorti de leur chapeau la notion de pré-embryon (moins de 14 jours), manipulable à merci. Abracadabrant. «Entraver la multiplication des inaptes et améliorer la race», tels étaient les objectifs de l'eugénisme. Nous y sommes !