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22/06/2012

Le travail peut tuer

Le suicide au travail revient périodiquement sur le devant de l'actualité, avec son lot de questions maintes fois posées et de réponses maintes fois apportées.

Un chiffre accablant pour commencer : en 2002, 41 millions de salariés étaient victimes du stress dans l'Union européenne (UE). Et qui dit stress dit angoisses, irritabilité, mauvais sommeil, fatigue chronique, troubles digestifs ou musculo-squelettiques..., mais aussi consommation d'alcool, de tabac, de médicaments, de drogues..., jusqu'à l'ulcère, la dépression, l'infarctus, les maladies cardio-vasculaires... et même le cancer, le suicide.

Les causes sont connues. Elles relèvent pour beaucoup de la dégradation des rapports sociaux et des conditions de travail dans nombre d'entreprises. L'absence d'autonomie, l'hyperspécialisation des postes, la répétitivité des tâches, l'accélération des cadences, l'augmentation des contraintes, l'exposition à toutes sortes de risques et de violences... en sont quelques exemples.

S'y ajoutent, notamment pour les cadres, un manque de communication, de reconnaissance et de perspectives, une exclusion des processus de prise de décision, une difficulté de concilier vie privée et vie professionnelle, de nouer des relations de confiance avec leurs collègues, un excès de travail accompli dans la précipitation ; le tout baigné dans une inquiétude diffuse quant à leur situation.

Et ce constat ne vient pas de mouvements contestataires, mais de sondages ou d'études réalisées par des psychosociologues et des psychiatres. Au final, le stress expliquait le souhait de près de 50 % des cadres de changer de travail. Et pour l'UE, son coût s'élèvait à 20 milliards d'euros par an. Ce chiffre ne tenant compte que de l'absence au travail (pour moitié due au stress) et des frais médicaux.

Il faudrait encore comptabiliser la perte de productivité, en soulignant l'ironie de la situation puisque c'est justement pour augmenter cette productivité que des entreprises ont rendu impossible la vie de leurs salariés. Efficacité, compétitivité, rentabilité..., que de crimes on commet en leurs noms ! Quelle est donc cette société déshumanisée qui permet le sacrifice de certains des siens au dieu Profit !

Allons-nous encore longtemps laisser des nôtres se tuer au travail ou abréger leur vie par la fatigue, les excès, le souci... ? Le pire peut-être, c'est que conscientes de cet état de fait, ces entreprises ne cherchent même pas à modifier l'organisation du travail mais plutôt à aider leurs salariés à s'y adapter, à supporter. Alors qu'il est grand temps de passer du "beaucoup travailler" à "bien travailler".