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11/07/2024

Vous avez dit extrême droite ?

A en croire une partie des "influenceurs" ou se voulant tels, le Rassemblement National (RN), Reconquête, Debout la France, Les Patriotes… et même l’aile droite des Républicains seraient d’extrême droite, ce qui peu ou prou équivaudrait à considérer qu’autour de 45 % des électeurs français qui se déplacent pour voter, seraient d’extrême droite. Rien que cette dernière remarque devrait faire douter ceux qui profèrent de tels propos, relayés ou repris complaisamment par tous les "idiots utiles" qui, pas une fois, ne pensent à interroger cette notion d’extrême droite.

Pour ceux qui auraient quelques souvenirs de leurs cours d’histoire ou d’éducation civique, pour ceux qui seraient un minimum informés de l’historique de l’extrême droite, ils n’apprendront rien de ce simple rappel. Deux articles de deux sites qui font référence, celui d’Encyclopædia Universalis, l’encyclopédie en ligne, et celui de Perspective Monde, de l’Université de Sherbrooke au Canada (Québec) qui est un outil pédagogique des grandes tendances mondiales depuis 1945, abordent cette appellation d’extrême droite, réservée aux néonazis et aux néofascistes avant de s’étendre.

En effet, pour en rester à l’histoire récente, nous dit le premier site, « Ce n’est qu’après 1945 que le terme "extrême droite" entrera dans le langage courant, pour désigner les formations politiques nationalistes, autoritaires et xénophobes : le parti de Pierre Poujade ; le mouvement Jeune Nation et, par extension, les partisans de l’Algérie française qui choisiront la voie de l’action violente, au sein de l’Organisation de l’armée secrète (OAS). Il est utilisé dès le départ pour décrire l’idéologie du Front national, le parti fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972 ».

Il ajoute qu’« il y avait quelque vraisemblance à cette étiquette. D’une part parce que le FN était le seul parti politique à proposer l’inversion des flux migratoires et même, à un moment, le retrait des naturalisations accordées depuis 1962. D’autre part parce que, jusqu’aux législatives de 1978 incluses, il investissait des candidats appartenant à des groupuscules nationalistes révolutionnaires et néonazis ». Perspective Monde confirme qu’« historiquement », cette « appellation » était « donnée aux mouvements et aux partis politiques qui prônaient l’instauration d’un régime de type fasciste (…) ».

Mais Perspective Monde poursuit : « capable de faire échec au socialisme et au communisme », et il faut le souligner expressément avant de donner les autres caractéristiques de l’extrême droite : « opposée aux principes de la démocratie » et « considérant comme légitime l’emploi de la violence » en utilisant « des voies autoritaires, voire terroristes, pour défendre » ses « idées ». Donc, répétons-le, cette idéologie était limitée dans un premier temps aux régimes politiques de Benito Mussolini en Italie et d’Adolph Hitler en Allemagne.

Ce n’est que plus tard et progressivement que cette idéologie a été associée à des courants ou mouvements monarchistes, religieux traditionnalistes, fondamentalistes… et des partis souverainistes, populistes ou nationalistes, sous l’impulsion, comme de bien entendu, des socialistes et des communistes. Jusqu’à banaliser, disons-le tout net, les caractères extrêmes de ces régimes nazi ou fasciste, mais aussi, en focalisant sur ceux-ci, jusqu’à banaliser ou plus précisément jusqu’à faire accepter ou faire oublier ceux des régimes communistes d’hier comme d’aujourd’hui. Car le totalitarisme marxiste-léniniste ou communiste n’est ni du passé ni dépassé ni fantasmé, il est toujours actuel.

Concernant donc l’expression "extrême droite", l’encyclopédie en ligne note que « Son ambiguïté fondamentale est qu’elle est généralement utilisée par les adversaires politiques de l’extrême droite comme une expression stigmatisante, censée renvoyer toutes les formes du nationalisme populiste et xénophobe aux expériences historiques que furent le fascisme italien et le national-socialisme allemand, ou bien, dans le cas français, à une hypothétique filiation directe avec les ligues des années 1930 et la collaboration ou le régime de Vichy ».

« Dans la France contemporaine, il n’est pratiquement jamais assumé par ceux qui en relèvent, qui préfèrent se désigner, à l’instar du RN/FN, par les appellations de "mouvement national" ou de "droite nationale". En 1996 déjà, le FN envoyait à la presse un communiqué protestant contre l’étiquette d’extrême droite qui lui était accolée, expliquant que l’extrême droite signifiait "le refus de la démocratie et des élections, l’appel à la violence, le racisme et la volonté d’installer le parti unique" qui, effectivement, ne figuraient pas dans son programme. »

Bien sûr, socialistes et communistes et même « la droite politique » n’en ont pas tenu compte et ont continué à le dénommer extrême droite, de même que beaucoup ont continué à dire "Front National" plutôt que "Rassemblement National" depuis 2018, dans le but de le discréditer ou de le décrédibiliser. Perspective Monde avance qu’« on peut démarquer l’extrême droite de la droite politique dans la mesure où cette dernière ne remet pas en question les principes du capitalisme et du libéralisme », ce qui devrait nous amener à considérer le RN comme le RPR d’origine (Rassemblement pour la République) ou une droite populaire.

Comme lui, le RN adhère au modèle de la démocratie libérale et à la Ve République en sa Constitution. Mais rappeler « la souveraineté nationale » qui pourtant « appartient au peuple » devient du souverainisme, rappeler « l’indépendance nationale » dont « le Président de la République est le garant » devient du nationalisme, rappeler que le « principe » de la République « est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » devient du populisme, rappeler « l’égalité devant la loi de tous les citoyens » qui ont des droits, des garanties et des devoirs spécifiques pouvant leur donner des préférences ou avantages, des priorités et des obligations, ou rappeler que la sûreté est un droit fondamental comme la vie et la liberté devient du fascisme.

Pourtant, l’extrême droite existe bien. Concrètement, c’est une cinquantaine de groupuscules totalisant 3000 adhérents environ, parfaitement identifiés, voilà l’extrême droite en France. Réservons donc ce terme à ces extrémistes plutôt que de se donner le ridicule d’utiliser le terme d’ultra-droite, censé caractériser « l’extrême droite radicale » (sic). Comme la devise de ce grand dadais de Buzz l’Éclair, « Vers l’infini, et au-delà ! », des nigauds ou des "adroits" de gauche et de droite sautent sur leur chaise comme des cabris en criant : "Vers l’extrême droite, et au-delà !" en pointant du doigt tous les "Zurg" de carton-pâte qu’ils se créent, ces "ennemis imaginaires" qui sont autant de joujoux en plastoc bien utiles pour faire semblant.

Au fond, il y a toujours "plus à droite" ou "trop à droite", toujours plus infréquentable, méprisable, détestable, ignoble, abject…, « immonde » comme « la bête ». « L’abomination de la désolation. » Mais interrogeons-nous. D’où vient aujourd’hui le refus du verdict des urnes et donc de la démocratie ? D’où viennent la violence et même le terrorisme, y compris intellectuel ? D’où viennent le racisme et cette racisation qui fait des racisés, c’est-à-dire des non-blancs, les seules victimes de racisme, évidemment de la part des seuls blancs ? D’où vient la volonté d’hégémonie politique à défaut de parti unique ?

Et puis, puisque chez des "bien-pensants", l’extrême droite commencerait dès Les Républicains, en tout cas certain d’entre eux, où commencerait donc l’extrême gauche ? L’extrême droite se référant au nazisme, se pourrait-il que cette extrême gauche commence au communisme, originaire du socialisme et du marxisme, et qui constitue l’autre totalitarisme du XXe siècle ? Elle engloberait alors La France insoumise, Lutte ouvrière, le Nouveau Parti anticapitaliste… Vu le passé du communisme (cf. encadré), ce qui frappe, c’est que ce nom ne soit pas frappé d’opprobre comme le nazisme ou le fascisme et qu’il soit même encore conservé, utilisé et assumé.

L’absence de honte révèle une indifférence, au nom de la cause, pour l’injustice, pour la souffrance, pour l’oppression, indifférence qui est fruit également d’une tolérance sans limites, donc également envers l’intolérance et l’intolérable. Où trouve-t-on aujourd’hui l’intransigeance, le sectarisme, le fanatisme ? Refuser le débat et refuser les résultats du scrutin en démocratie, et y répondre par la violence, revient à se mettre hors la loi. C’est là que se situe l’extrémisme. C’est là que se situe le danger pour la liberté, pour la paix voire pour la survie d’un pays.

 

 

Souvenir d'Octobres rouges

Nous ne pouvons plus dire que nous ne savons pas. Les livres sont là qui décrivent par le menu ce que furent les différents régimes communistes sous toutes les latitudes. Certains de ces ouvrages ont d'ailleurs provoqué des réactions de la part de ceux qui ne mobilisent leur mémoire que sur l'horreur nazie. Amnésie curieuse qui est autant une faute historique qu'une offense à toutes les victimes.

Le passé d'une illusion de François Furet en 1995 et plus encore Le livre noir du communisme en 1997 (pour les plus connus) sont revenus sur cette page d'histoire qui n'en finit pas de se tourner, tant l'on refuse ici et là d'admettre la réalité, de regarder la vérité historique en face. Mais les faits sont tenaces : quel que soit le pays, le communisme au pouvoir a semé mort et désolation.

Ainsi dès 1917 en Russie, rappelait Jean Sévillia dans son livre Le terrorisme intellectuel, de 1945 à nos jours paru chez Perrin en 2000, Lénine surnomme le commissariat à la Justice «commissariat à l'extermination sociale», les bolcheviques gazent les paysans rebelles, affament la région de la Volga (5 millions de morts), puis l'Ukraine (5 à 6 millions de victimes).

Le bilan général du communisme est ainsi par ses dimensions à peine croyable : 20 millions de morts en URSS, 65 millions en Chine, 6,5 millions en Asie, 1 million en Europe de l'Est, 1,7 million en Afrique, 150 000 en Amérique latine. Soit au total près de cent millions d'êtres humains rayés de la planète au nom d'une idéologie censée vouloir le bonheur du peuple, mais malgré lui.

Le nazisme et le communisme sont des frères siamois dont l’un, sous diverses formes, survit encore en Chine, en Corée du Nord… Ce qui les relie : concentration des pouvoirs, culte du chef, parti unique, propagande continuelle, mobilisation des masses, contrôle policier, répression, élimination de catégories de population, embrigadement de la jeunesse, haine des valeurs anciennes et de toute religion...

Pour autant, si le nazisme utilisa l'expropriation, les camps de concentration, les massacres planifiés, la déportation et les camps d'extermination, le bolchevisme ne fit pas appel à ces derniers mais ajouta l'exécution judiciaire de personnes innocentes et la famine organisée. Ce devoir de mémoire dû au génocide juif, unique par son aspect "industriel", les suppliciés du communisme y ont droit aussi.

 

 

L'heure de la "reprise en main" ?

Peut-on émettre l'hypothèse comme l'historien Jacques Bainville que «(...) l'anarchie engendre des Césars» ? «L'attachement populaire à l’"ordre"», souligné par Jacques Marseille dans son livre Du bon usage de la guerre civile en France aux éditions Perrin, est trop souvent négligé par les politologues. «(...) La chienlit, non» pourrait dire le peuple en paraphrasant le général de Gaulle. Mais de là à dire « La réforme, oui »..., il y a loin.

Car le besoin de sécurité est immense alors que se développe un "capitalisme sauvage" et que «(...) l'humanité est à nouveau guettée par» L'ensauvagement (titre d'un ouvrage de Thérèse Delpech paru chez Grasset). La civilisation accouchant d'une double sauvagerie : l'une fondée sur le profit, l'autre sur le dépit. La masse grandissante des exclus, des déclassés formant comme un épouvantail pour ceux encore "dans le bain".

Notre société de plus en plus inégalitaire inspire la peur, donc la violence. La libéralisation de l'économie avec son «Laisser faire (les hommes), laisser passer (les marchandises)» s'est accompagnée - comme une compensation peut-être - de la libéralisation des mœurs. Mais les idées libérales, les idées larges, la tolérance se sont combinées et dans leurs excès ont mené notre société du "laisser aller" au "laisser-aller" (avec trait d'union).

A "laisser évoluer sans intervenir", à "laisser courir", on en arrive à une "absence de soin", une "négligence", un "relâchement" tendant à se généraliser. Et ce laxisme engendre l'anarchie : "Désordre résultant d'une absence ou d'une carence d'autorité" ou "Confusion due à l'absence de règles ou d'ordres précis". Mendès France disait par exemple que «Les comptes en désordre sont la marque des nations qui s'abandonnent».

Et de fait en maint endroit de notre société, le refus de règles communes, les résistances à l'autorité se développent, par le fait même que nombre de règles n'ont plus été appliquées, respectées ou rappelées, et que nombre d'autorités se sont dérobées à leurs obligations, ont manqué à leurs tâches, à leur devoir. Leur abstention, leur impuissance, leur inaction par souci de tranquillité, faisant le lit de l'inquiétude et de l'agitation.

"C'est l'anarchie" là où l'on n'en fait qu'à sa tête, là où il n'y a plus personne "à la tête" ; et dans les secteurs aux développements incontrôlés, désordonnés. Cette sorte de "vacance du pouvoir" ne peut plus durer. "Laisser les choses en l'état" conduit à la sclérose. Il faut "remettre de l'ordre". L'heure est peut-être aux "mains de fer" avec ou sans gants, concevant, inspirant, dirigeant et commandant, y compris et surtout aux événements*.

* Cf. Winston Churchill : «Il faut prendre l'événement par la main avant d'être saisi par lui à la gorge».

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