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30/09/2014

Croire sans preuves, est-ce bien raisonnable ?

Croire au père Noël, c'est-à-dire "être très naïf, se faire des illusions", semble très répandu chez les adultes. Il faut dire que les "pères Noël" ne manquent pas, toutes ces figures paternelles ou ces fictions sécurisantes. Ces "pères Noël" de substitution pour grands enfants prolongent ainsi la naïveté infantile, celle des petits enfants encouragée par parents et vendeurs de cadeaux qui leur font attendre le père Noël comme le messie.

Montaigne avait gravé sur une poutre de sa librairie cette sentence : «Le genre humain est par trop avide de fables». Aujourd'hui, alors que l'interrogation de Montaigne «Que sais-je ?» ne semble plus tourmentée quiconque, tant des fanatismes de toutes sortes se développent un peu partout, les fables font plus que jamais courir les foules ; des leurres, des lièvres poursuivis avec obstination. "L'obstination est la plus sûre preuve de bêtise".

«La seule chose que je sais, c'est que je ne sais rien» aurait dit Socrate. Que savons-nous vraiment, avec certitude ? Et combien parlent sans savoir ! «L'appétit de savoir naît du doute» écrivait Gide. Combien ne doutent de rien ! Croire au père Noël, c'est ne pas douter et ne pas avoir envie de savoir, c'est croire tout savoir et "ne vouloir rien savoir", "refuser de tenir compte des objections, des observations…".

«Impossible de s'accrocher à rien ; tout a chaviré.» Nous pourrions reprendre mot pour mot cette phrase de Martin du Gard. Restent les illusions, à tout prendre, semble-t-il pour beaucoup, préférables à la réalité. Mais les illusions peuvent conduire au pire. Une "opinion fausse" ou une "croyance erronée" peut être dangereuse et malfaisante. Et est-ce mieux si elle «me console, me tranquillise, et m'aide à me résigner» (Rousseau) ?

Les contes pour enfants sont remplacés par d'autres contes une fois ceux-ci devenus grands. La "confiance", la "simplicité" "par ignorance, par inexpérience" sont remplacées par la "crédulité", la "confiance irraisonnée". Faciles à tromper, ils forment le «grand troupeau des hommes» que les joueurs de flûte ensorcellent avec leur petite musique qui leur promet monts et merveilles, et qu'ils suivent les yeux fermés, fascinés et confiants.

Mais rien n'est vrai. Et la musique envoûtante finit par sonner faux. Le charme est rompu, le réveil brutal. Quand ce n'est pas la mort qui met fin aux rêveries. Et peut-être est-ce mieux ainsi. Mais pour ceux qui ne veulent pas s'en laisser conter, seule la preuve doit compter. Ne rien accepter et affirmer sans preuves. Demander à ceux qui "demandent la confiance", de "produire des arguments, des raisons". Et mourir, mais "les yeux ouverts".

17/05/2013

L'existence en toc de Shadoks "toc toc"

Serions-nous tous des Shadoks ? Mais oui souvenez-vous, ces boules de plumes au long bec, sans ailes et hautes sur pattes, qui régalaient de leurs aventures sans queue ni tête, les téléspectateurs de l'ORTF goûtant la satire et "l'absurde" ; c'était à la fin des années soixante pour leur première diffusion. Leur créateur, Jacques Rouxel, par sa mort il y a exactement neuf ans, laissait ses créatures orphelines et la télévision bien insipide.

Ces pitoyables bébêtes n'en finissaient pas de "pomper" sur leur planète, sans trop savoir pourquoi. Et nous pauvres hommes, tout interdits, étions parfois bien en peine de trouver un sens à tout ça. Etait-ce parce qu'il n'y en avait pas ou que celui-ci était caché ? Pour répondre, peut-être faut-il se pencher sur quelques tirades fameuses déclamées par le comédien Claude Piéplu, avec cette voix reconnaissable entre toutes.

Les devises des Shadoks sont en particulier une mine précieuse pour se faire une idée de l'esprit qui animait ces animations. L'une d'elles affirmait : «S'il n'y a pas de solution c'est qu'il n'y a pas de problème». On connaissait de Gide : «II n'y a pas de problèmes, il n'y a que des solutions». Mais là tout était inversé et cela dépassait l'entendement. A moins d'observer nos contemporains et nos propres comportements.

Regardons comme l'on aborde volontiers un problème dont la solution est évidente ou facile à appliquer, comme l'on choisit souvent la "Solution de facilité" ou celle dont on sait pourtant que "Ce n'est pas une solution !". L'on peut aussi soulever un "Faux problème" afin de "Ne pas s'attaquer au problème" difficile. Ou encore le reporter, déléguer... Jusqu'à déclarer le problème insoluble, voire qu’"II n'y a pas de problème".

Autre devise : «II vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien que risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas». Variation sur le thème "qui n'avance pas recule", qui sous-entend que nos actions même inconsidérées ou stériles, trouvent leur justification dans la crainte que l'inaction ou un temps d'arrêt n'entraîne un coup d'arrêt, une régression. D'où cette activité fébrile, comme pour conjurer un péril.

Ces Shadoks qui "pompent", ce serait donc nous, dérisoires créatures condamnées à des besognes et loisirs qui ne les avancent à rien ou à pas grand-chose, dans le but incertain d'aller mieux, en tout cas de ne pas aller moins bien ou plus mal. Et tant que les sans-grades ou une minorité seulement en souffriront, rien ne changera vraiment. Dernière devise : «Pour qu'il y ait le moins de mécontents possible il faut toujours taper sur les mêmes».