03/09/2013
La routine "fait le bonheur"
Les discours officiels résonnent dans nos têtes. Plus ou moins étayés par des études sociologiques qui confirment ce que l'on soupçonnait, à savoir qu'on ne trouve que ce qu'on cherche, ces discours proclament que le travail fait le bonheur, que le travail c'est la santé, etc. Oui sans doute, encore pour une part des salariés, mais qui n'est peut-être plus majoritaire ni importante. La preuve : cet article de 2004 dans L'Express, qu'on peut lire toujours "au présent".
Titré : L'ère des à-quoi-bonistes (de l'expression A quoi bon ? soit : A quoi cela sert-il ? Pourquoi ?), il s'appuie sur l'enquête menée par un cabinet conseil international, Towers Perrin, auprès de 15 000 salariés de six pays européens. Il apparaît «que seuls 15 % d'entre eux sont "fortement engagés" dans leur vie professionnelle. C'est-à-dire prêts à produire "librement et continuellement un effort supplémentaire".
«A l'inverse, 20 % de leurs collègues se révèlent complètement désintéressés par leur travail, au point de ne chercher qu'à "produire le strict nécessaire". Quant aux 65 % restants, ils constituent une sorte de "ventre mou" de salariés vaguement désabusés, n'exerçant leur métier que de façon routinière.» Et le cabinet d'avertir : "Les employeurs sont confrontés à l'urgence de redonner envie à leurs salariés de s'engager".
«Peu motivés et sans illusions sur l'entreprise», ceux-ci pourraient être remotivés, selon des psychologues et sociologues, par un peu plus d'attention, de communication... et pour les cadres non supérieurs, de consultation, d'informations... «L'insatisfaction» de ces derniers «induit parfois une défiance qui va jusqu'à la remise en question des orientations stratégiques, de la légitimité des dirigeants ou de leur... intégrité !».
«Un tiers seulement des sondés considèrent leur direction comme "intègre" ou "exemplaire des valeurs de l'entreprise".» Tout ceci laisse à penser que d'abord il y a une incompatibilité grandissante entre les attentes des entreprises et celles des salariés. Qu'ensuite, l'engagement des salariés ne pouvant s'obtenir que par l'exemple, les cadres supérieurs et dirigeants ne donnent peut-être pas toujours le bon exemple.
Qu'enfin, la routine - ce penchant aggravé par la technique, les procédures, les tâches d'exécution... et peut-être par "quelque chose de mécanique et d'irréfléchi" dans l'évolution de la société et par un conformisme sclérosant - est aussi rassurante et "protectrice" dans ce monde changeant et brutal. Que peut donc toute méthode de motivation tant que c'est la routine qui "fait le bonheur" et non le travail en lui-même ?!
10:17 Publié dans Economie/travail | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : discours officiels, études sociologiques, le travail fait le bonheur, le travail c'est la santé, salariés, magazine l'express, l'ère des à-quoi-bonistes, enquête du cabinet conseil international towers perrin, vie professionnelle, effort, désintéressés, produire le strict nécessaire, salariés vaguement désabusés, n'exerçant leur métier que de façon routinière, redonner envie aux salariés de s'engager, peu motivés et sans illusions sur l'entreprise, attention, communication, consultation, informations, insatisfaction, défiance, orientations stratégiques, légitimité des dirigeants, intégrité des dirigeants, valeurs de l'entreprise, donner l'exemple, technique, procédures, tâches d'exécution, évolution mécanique et irréfléchie, conformisme sclérosant, routine rassurante et protectrice, monde changeant et brutal, méthode de motivation | Facebook |