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08/03/2013

L'espérance fait vivre

Peut-on vivre sans espérance ? Nous avons vu la dernière fois la progression historique de l'espérance de vie (c'est-à-dire la durée moyenne de vie, établie statistiquement sur la base des taux de mortalité). Mais l'année dernière en France métropolitaine, 560 000 décès ont été enregistrés pour un taux brut de mortalité de 8,6 décès pour 1000 habitants qui «ne baisse plus depuis 2004» indique l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), ajoutant que «l'espérance de vie marque le pas».

De son côté, l'Institut national d'études démographiques (Ined) s'interrogeait dans son numéro de décembre 2010 de Population et sociétés, "Espérance de vie : peut-on gagner trois mois par an indéfiniment ?". Quant à Lylian Le Goff, docteur en médecine, membre de la mission "Biotechnologie" de France Nature Environnement, et à Philippe Desbrosses, agriculteur, docteur en sciences de l'environnement, soucieux de la prévention des risques, c'est dès 2002 qu'ils faisaient part de leur inquiétude pour l'avenir.

Dans le livre Combien de catastrophes avant d'agir ? Manifeste pour l'environnement signé de Nicolas Hulot et du Comité de veille écologique, aux éditions du Seuil, ils semblaient même trouver un peu légères les promesses de vieillesses infinies. «L'espérance de vie, écrivaient-ils, est liée à la qualité de vie, qui elle-même résulte de nombreux facteurs, non seulement alimentaires et sanitaires, mais aussi socio-économiques ; ...

«... les effets de ces facteurs se manifestent avec un décalage dans le temps qui est de l'ordre de deux à trois générations (...).» Pour résumer, la longévité des générations présentes résulterait selon eux pour l'essentiel, des conditions de vie passées, et ne présumerait en rien la longévité des générations futures. «Rien n'est jamais acquis à l'homme (...) Et quand il croit Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix (…)» dirait Aragon.

De fait, «nous assistons, continuaient-ils, non seulement à l'accroissement des pollutions et à l'altération de la qualité intrinsèque des aliments, mais aussi à une remise en cause globale de la qualité de vie, dont les effets les plus néfastes se manifesteront avec un décalage». Et ils rappelaient que «faute de répondre aux qualités nécessaires à l'entretien de la vie, l'alimentation joue un rôle dans 80 % des maladies (40 % des cancers)».

D'ailleurs, «les cancers sont de plus en plus nombreux, particulièrement chez de jeunes adultes, ce qui est significatif, prétendaient-ils, de l'altération des conditions de vie, notamment par la pollution». D'où la possibilité d'une «cassure de l'espérance de vie» annoncée par certains épidémiologistes, en particulier de l'Office mondial de la santé. Si cela s'avérait exact, quelle espérance resterait-il alors à l'homme, pour vivre ?