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18/07/2012

Après nous le déluge !

C'est mi-juillet que débute vraiment la trêve de l'été, un peu comme il y a une trêve des confiseurs lors des fêtes de fin d'année. Le temps est alors au beau fixe. L'activité économique tourne au ralenti. Et la saison n'est pleine que pour les professionnels du tourisme. Ailleurs, c'est la belle saison, celle du farniente, mais aussi peut-être de la découverte et de la rencontre.

Cela commence bien sûr par le 14 juillet, cette Fête nationale qui se limite à des défilés militaires et des cérémonies qui sentent la naphtaline, à des bals populaires qui sentent le roussi et à des feux d'artifice qui sentent le pétard mouillé. Voilà comment nous commémorons la prise de la Bastille, épisode peu glorieux mais fondateur comme l'on dit d'une République qui elle commence à sentir le réchauffé.

La révolution technologique prévaut sur la Révolution. Les idéaux en moins, elle agit plus sûrement sur les esprits que tout grand soir sans lendemain. Dans notre confort "demi-mondain", bien assis sur les principes de nos ancêtres, nous profitons de la vie en nous disant : "Après nous le déluge !", les doigts de pied en éventail, suant à souhait et luisants d'huile solaire.

Ah ! comme il est bon de ne rien faire quand tout s'agite autour de soi. Oui, mais à part la mer, rien ne s'agite, si ce n'est ces hyperactifs qu'on enverrait bien consulter un psychiatre. Vautré sur le sable, aligné avec ses congénères en rangs d'oignons, l'estivant avachi somnole et son apathie n'a d'égal que son manque d'imagination, de curiosité et de volonté.

Pourtant, que la montagne est belle, comment ne pas avoir envie de la gravir et de voir ce qu'il y a de l'autre côté ? L'escalade symbolise cette soif de découverte et d'authenticité qui trouve dans les vacances le temps d'être étanchée. Le touriste n'est alors plus seulement amorphe et passif. Il part à la rencontre des pays et des paysages, des habitats et des habitants... Il est le citoyen nouveau du monde.

Et ce citoyen, plus rebelle qu'il n'y paraît, ne semble pas relever d'une révolution brusque et superficielle, mais plutôt d'une évolution lente et profonde qui s'enracine dans un désir de comprendre et de participer. Les deux principes peut-être d'une République à renouveler, où tout tendrait à la vérité et à l'idéal de démocratie. Pour qu'après nous, ce ne soit pas le déluge.

09/07/2012

Au détour du Tour

Comme il y a huit ans, le Tour de France fait un détour par Besançon pour un contre-la-montre individuel qui s'imposait dans "la capitale du temps". A l'image d'une société où chaque individu ou entreprise est tout entier engagé dans une course contre la montre, cette épreuve voit chaque coureur s'élancer seul pour tenter d'aller le plus vite possible et plus vite que les autres concurrents. Car dans cette compétition aussi, «Le temps c'est de l'argent». Il ne faut donc pas en perdre sur les 41,5 km de cette neuvième étape.

En 2004, Lance Armstrong, surnommé "le Boss" et recordman du Tour avec sept victoires consécutives, avait été le plus rapide sur les soixante kilomètres du parcours de l'avant-dernière étape, la dix-neuvième. Le lendemain, c'était l'arrivée triomphale à Paris la capitale, et le défilé des valeureux cyclistes à l'ombre de l'Arc de triomphe, comme à Rome les guerriers vainqueurs couverts de lauriers. Le sport, pour paraphraser Françoise Giroud qui parlait du football, «c'est la guerre sans morts» ; en règle générale du moins.

Car il n'est plus rare de constater des maladies, des blessures et même des morts prématurées chez des sportifs ou anciens sportifs théoriquement pleins de santé ; comme il n'est plus rare de voir des spectateurs blessés parfois à mort sur les théâtres des exploits de leurs héros. Des exploits sans cesse améliorés, des limites du possible sans cesse reculées, pour assurer le spectacle ; fût-ce au mépris de la règle et de la vie.

Mais quoi qu'il en soit, le public se presse pour attendre des heures durant ce Barnum, ce grand cirque itinérant, et regarder passer en trombe la caravane publicitaire suivie de ces champions-sandwichs monnayant leurs prestations. Les "objets promo" jetés non sans mépris, sont l'objet de toutes les convoitises. Comme il est facile de flatter nos vices ! Et comme il semble difficile, au vu de cette ruée, de tomber plus bas !

Alors, pour changer d'air, la télévision apparaît pour une fois, comme une porte de sortie pour prendre l'air, une lucarne ouverte pour s'élever dans les airs. Vue du ciel, que la France est jolie, que la campagne est belle ! Les images d'hélicoptère amenuisent nos petitesses et nous rendent paradoxalement notre grandeur. Celle des défricheurs, des aménageurs, des bâtisseurs qui ont accompli des prouesses au cours des siècles.

En prenant ainsi de la hauteur, ces paysages pétris pour beaucoup par les mains des paysans d'hier et d'aujourd'hui, prennent toute leur dimension, tout leur relief. Ce patrimoine naturel et culturel s'étale devant nos yeux éblouis. Ajouté à un patrimoine architectural souvent remarquable, et nous voilà devant ce qu'il faut bien appeler un pays de cocagne débordant de merveilles. La France "vaut le détour", on n'a pas fini d'en faire le tour.