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22/10/2013

Trois petits tours et puis s'en va

"Passer le temps", tel semble être le destin de l'homme. Son "emploi du temps" très chargé lui fixe ses occupations d'employé, de consommateur... Le mode d'emploi de sa vie est catégorique : pas de "temps morts", "tuer le temps", le "temps libre" doit être occupé. Le passe-temps plutôt que l'ennui, cette "impression de vide, de lassitude causée par le désœuvrement, par une occupation monotone ou dépourvue d'intérêt".

Le rapport d'activité de l’homme doit être en fait comme sa vie : bien rempli ! Pas question de «laisser du temps au temps». Il convient de se dépenser et de dépenser "à temps plein". "Trouver le temps long" est tout simplement insupportable, inacceptable. Tout doit être "court, concis, succinct, bref, instantané". La faveur va à ce qui "ne dure qu'un temps", à ce qui est éphémère, provisoire. "Tout passe, tout lasse, tout casse".

"Faire un bon temps", mieux : "réaliser le meilleur temps", voilà la condition pour "être dans la course", "rester dans la course". Et puis "se distraire pour oublier", s'étourdir. Mais à vivre "en deux temps, trois mouvements", "en un temps record" pour "ne pas voir le temps passer", l'homme finit "rattrapé par le temps". "La course du temps" s'impose à lui : il "ne fait que passer". "Ça passe ou ça casse" ? Ça casse toujours.

L'homme doit se résoudre à "n'avoir qu'un temps". Très vite, il se trouve "n'être plus dans la course", "être à bout de course". Et souvent, c'est au moment où tout lui fait comprendre qu'il "a fait son temps", qu'il se décide à "ouvrir les yeux", à "voir la réalité telle qu'elle est". Trop tard. Les "contes et légendes" qu'on lui a chantés sur tous les tons, et qui l'aidaient à continuer, ne lui sont désormais d'aucun secours.

"Ah ! Si j'avais su !" l'entend-on marmonner. Mais en retour la société ne fait que crier : "Au suivant !". Cette société policée - en apparence, car pas si humaine que cela - où tout doit être fonctionnel, y compris l'homme destiné telle une chose à d'abord "remplir une fonction pratique" : "facile à utiliser, commode, efficace". Ici, "pas de sentiment !", il faut assurer le fonctionnement du Mécanisme, la construction du Meccano.

L'homme n'est qu'un mécano de passage dont le rôle est d’"assurer la continuité". Pas d'à-coup ni de rupture, tout doit être fait pour obtenir de cet "animal" si difficile à mener, une parfaite collaboration, et pour ne pas entraver le mouvement de la Belle Mécanique ; "le changement" n'étant concevable que "dans la continuité". Et pour éviter à l'homme de gamberger, quoi de mieux que de ne pas lui en laisser le temps et de l'occuper en continu !?