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23/09/2014

Quand l'homme sera-t-il enfin sage ?!

«L'éthologie nous enseigne que, comme tout être vivant (...), l’Homo sapiens obéit à trois pulsions principales : le sexe, le territoire et la hiérarchie.» Ou pour le dire autrement : «la reproduction, la possession et la domination». Le philosophe et écologiste Yves Paccalet explique dans son livre L'Humanité disparaîtra, bon débarras ! chez Arthaud, les raisons de la folie suicidaire qui semble s'être emparée de l'homme moderne.

L'éthologie est la science du comportement, pas du discours. L’Homo sapiens, l'homme dit "sage", "raisonnable", ne l'est guère dans les faits. Yves Paccalet remarque que «l'homme est le seul animal qui s'autodétruit». Et Friedrich Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra, notait : «Partout où j'ai trouvé du vivant, j'ai trouvé de la volonté de puissance ; et même dans la volonté de celui qui obéit, j'ai trouvé la volonté d'être maître».

Cette volonté de puissance nous perdra dit Yves Paccalet. Cette "volonté d'agir sur le monde, d'être plus fort que l'homme moyen, au mépris de la morale", ce "besoin de dominer les gens et les choses" comme l'écrit Le Petit Robert, avec celui de se reproduire, de remplir la Terre et cette "faim d'avoir et de posséder" pourraient nous mener tout droit à la catastrophe écologique, climatique, épidémique, ou nucléaire, biologique, chimique.

A une époque pas si lointaine, conscient des instincts destructeurs de son espèce, l'homme dans sa sagesse apprenait à ses enfants à les dominer. Aujourd'hui, ils sont attisés, en particulier pour favoriser cette "bonne" agressivité qui ferait les bons petits soldats de demain de cette "guerre de tous contre tous" appelée encore concurrence. «La possession et la domination sont élevées au rang de valeurs» constate Yves Paccalet.

Mais quid de l'instinct de conservation "qui, précise Le Petit Larousse, pousse un être, un animal à sauver son existence quand elle est menacée" ? Dans "la lutte pour la vie" qui décide "la survie du plus apte" d'après Charles Darwin, «(...) la force pure ne constitue pas le meilleur argument. Plus efficaces sont le commensalisme, le mutualisme et la symbiose. La stratégie associative. La coopération. La communauté de destins...».

«L'espèce humaine a incarné l'une des plus aptes, parce que l'une des plus sociables. (...) Mais elle dérape. Elle n'est plus adaptée à son environnement» selon Yves Paccalet. Seul espoir et maigre : si la crainte est le commencement de la sagesse, peut-être I'Homo sapiens, ce «cancer de la Terre», ce «bourreau de la nature», prendra peur à temps et réentendra la voix de la sagesse qui conseille "modération et prudence dans la conduite".

19/09/2014

Le danger de s'approcher trop près de la vérité

Un remarquable dossier sur le philosophe Friedrich Nietzsche était paru dans le magazine Le Point il y a des années. Roger-Pol Droit y écrivait en particulier que «Chacune de ses formules a donné lieu à d'abondants contresens». Ainsi, la plus célèbre peut-être, la "mort de Dieu" «(...) n'est pas un événement immédiatement joyeux, disait-il. Le crépuscule du monothéisme est d'abord un temps d'errance. L'homme qui a tué Dieu est "le plus malheureux des hommes".

«Il voit s'ouvrir l'époque du "dernier homme", celui dont la volonté se réduit à rien, imbécile suffisant et veule, confortablement dépourvu de croyances et qui se croit heureux.» Et Roger-Pol Droit remarquait que «Toute ressemblance avec le consommateur des sociétés industrielles n'est pas fortuite. Ce temps du nihilisme triomphant est celui où les valeurs suprêmes se dévaluent, où la volonté décline, où l'on se dit "à quoi bon ?"».

Hannah Arendt, dans Condition de l'homme moderne, avançait l'idée que «Ce n'est pas l'athéisme (...) et le matérialisme (...) qui sapèrent la foi chrétienne (...), c'est plutôt l'angoisse, le doute à l'égard du salut chez des hommes authentiquement religieux pour qui le contenu traditionnel, la promesse traditionnelle du christianisme étaient devenus "absurdes"». A ce doute, Nietzsche ajoute la lucidité, cette "plaie toujours ouverte".

Peut-on vivre sans illusions, sans rêves, sans espoir ? De même que La Rochefoucauld (un des "moralistes" français que Nietzsche admirait le plus) disséquait dans ses Réflexions ou Sentences et Maximes morales, nos "vertus" : passions, sentiments, relations sociales..., et mettait à jour bien des "vices" : motivations égoïstes, intérêt..., Nietzsche plonge son scalpel dans «la naissance de notre morale - égalitaire, altruiste, compatissante.

«Il y trouve tout autre chose que des valeurs désintéressées. Derrière l'égalité, la vengeance des incapables. Derrière l'altruisme, le ressentiment et la haine hypocrites. Sous la pitié, la joie mauvaise du sadisme.» Même les idéaux, les grands principes cachent pour lui des motifs non honorables et avouables. Et puis «Ce qui est terrible sur cette terre, c'est que chacun a ses raisons» disait un personnage de La Règle du jeu de Jean Renoir.

Mais ce qui est terrible aussi c'est de devoir vivre avec ça, en sachant ça, en ne voyant plus que ça. Comme Icare, Nietzsche s'est sans doute approché trop près du Soleil. "Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort" disait-il ; sauf la maladie, notamment mentale. La raison de celui qui affirmait : "Nous apprenons trop, nous ne pensons pas assez", a fini par sombrer. Peut-être à force de trop penser s'est-il noyé dans ses pensées.