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25/06/2020

Des étoiles plein les yeux

Les longues soirées où nous rêvons sur les balcons à la belle étoile. Les yeux plantés dans le ciel. Un verre de vin dans une main et dans l'autre celle de l'être aimé. La douceur de l'air, le silence, seulement troublé au loin par les Nocturnes de Chopin.

Là-haut, les étoiles brillent de mille feux. «Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes, écrivait Antoine de Saint-Exupéry dans Le Petit prince. Pour les uns qui voyagent, les étoiles sont des guides. Pour d'autres, elles ne sont rien que de petites lumières. Pour d'autres qui sont savants, elles sont des problèmes. Pour mon businessman, elles étaient de l'or (...).»

Mais les étoiles ne peuvent pas être possédées. Inaccessibles, elles nous échappent. Leur lumière, apparemment si proche, a parcouru des distances infinies. Cette lumière nous vient du fond des âges. La nuit des temps est devant nous. Nous remontons le temps en l'observant et si nous pouvions regarder suffisamment loin, nous verrions le big-bang : la création du monde.

Ces étoiles clignotantes et toutes tremblantes nous émeuvent. Scintillantes comme vacillantes, fortes et fragiles à la fois, elles nous murmurent à l'oreille que nous ne sommes rien : des étoiles filantes dans le firmament. Elles nous disent de goûter l'instant présent, de garder les yeux ouverts. Elles nous enjoignent de ne vivre que pour admirer et aimer, c'est-à-dire, écrivait Saint-Exupéry, de «regarder ensemble dans la même direction».

Ces petits points dans le ciel immense, c'est l'infiniment petit et l'infiniment grand réunis, c'est la clarté et l'obscurité, le chaud et le froid, la vie et la mort. Et en parcourant l'histoire de l'univers, nous nous voyons petits grains de sable dans les rouages du temps et de l'espace, ballottés, emportés et finalement broyés. Comme Le Dernier des géants*, nous sommes tous des hommes qui allons mourir et qui avons peur de la nuit.

Mais les étoiles nous rappellent aussi que dans la nuit, il y a toujours une petite lumière allumée quelque part qui s'appelle l'espérance. Elles nous invitent à nous élever, à devenir meilleurs. Elles nous éclairent et nous réchauffent. Elles nous réconfortent : une bonne étoile est là qui veille sur chacun d'entre nous, nous ne sommes pas seuls dans l'univers, le ciel n'est pas vide.

* film de Don Siegel

16/11/2018

"Combien ?", est-ce la question ?

"Combien ?" Voilà la question qui compte dans un "système" où tout est concurrence, compétition et rivalité. Combien de temps, combien d'argent, combien de fois...? C'est un adverbe utile quand il s'agit de savoir la quantité, le nombre, pour ce qui est d'une distance, d'un temps, d'un prix, etc. Et c'est sans doute ce qui préoccupe le plus le monde adulte, après les "Pourquoi ?" de l'enfance.

Antoine de Saint-Exupéry, dans son Petit Prince, évoquait ainsi cette obsession des «grandes personnes» qui : «aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d'un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l'essentiel (...). Elles vous demandent : Quel âge a-t-il ? Combien a-t-il de frères ? Combien pèse-t-il ? Combien gagne son père ? Alors seulement elles croient le connaître».

En fait n'est-ce pas là l'éternelle préoccupation de l'être humain qui par nature tend à évaluer, comparer, se mesurer...? Il paraît même que sans cela, nulle amélioration ne serait possible. Mais peut-on justifier cette confrontation systématique par cette seule envie de progresser, en faisant l'impasse sur une autre explication : l'envie tout court, qui n'est pas que désir et volonté ?

Car l'envie est aussi jalousie, convoitise, lubie, et c'est alors une des plus grandes plaies de l'humanité. Elle est à l'origine de bien des conflits et s'oppose à l'amour vrai et au désintéressement. Elle peut aller jusqu'à la haine en effet de celui ou celle qui a ce qu'on n'a pas. Elle vous mine, vous dévore de l'intérieur, comme une tristesse ou une colère rentrée. Elle vous accable et ne vous lâche plus.

Tout le "système" dans une société de consommation repose ainsi sur l'insatisfaction nourrie par la publicité en particulier. Susciter l'envie, créer des besoins, voilà ses objectifs. Sans cela pas d'achats, pas de croissance. Pas de progrès ? Entretenir ce délire marchand, c'est le défi posé. Il nécessite pour y parvenir la complicité de l'Etat, des médias, de l'école... Et notre soumission.

Mais à quoi bon l'accumulation de biens, de richesses, mais aussi de scores, de records, de promotions, d'honneurs...? Car à la question "Combien ?", la réponse apparaît bien souvent sans intérêt, quand on y réfléchit. Et combien sont-ils ceux qui préfèrent rechercher un sens à leur existence, ou qui regrettent les "Pourquoi ?" de leur enfance ? «Etre ou ne pas être, telle est la question.»*

* Shakespeare