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20/09/2013

La concentration contre la répartition

L'économiste Thomas Piketty vient de sortir aux éditions du Seuil «l'essai de la rentrée». Intitulé Le Capital au XXIème siècle, «cette somme bouleverse la réflexion sur les inégalités» écrit le magazine Télérama. Il ne faudrait toutefois pas oublier un rapport qui déjà remettait les idées en place.

Ce rapport des Nations unies sur le patrimoine avait fait l'objet d'un résumé dans une dépêche de l'AFP reprise par le journal Le Monde sur deux petites colonnes dans la page des cours de bourse. Cette étude, publiée début décembre 2006, avait été «présentée comme la plus complète jamais réalisée» et s'y replonger laisse songeur. On y apprend que «Deux pour cent de l'humanité détiennent la moitié du patrimoine des ménages, tandis que la moitié de la population mondiale en détient 1 %».

Plus intéressante encore et immédiatement analysable par chacun d'entre nous était la répartition chiffrée. «Un patrimoine personnel de 2 200 dollars ou plus [± 1 700 euros à l'époque] permet de faire partie des 50 % de personnes les plus riches au monde, 61 000 dollars [± 47 000 euros] "suffisent" pour compter parmi les 10 % de personnes les mieux dotées et 500 000 dollars [± 385 000 euros] pour accéder au club très fermé du 1 % des individus les plus fortunés.»

En fait, "Les inégalités de patrimoine sont encore plus grandes que les inégalités de revenus" observait Anthony Shorrocks, directeur de l'Institut mondial de recherche sur l'économie du développement de l'université des Nations unies (UNU-WIDER), basé à Helsinki. Phénomène que l'on retrouve en France, une étude de 2005 du Cerc-Association montrant même que depuis 1982 (!), les ménages sans patrimoine avaient vu leurs revenus d'activité (salaires + prestations sociales, hors retraites) fortement chuter.

Cette enquête des Nations unies prend en compte l'ensemble «des actifs de chaque individu adulte (propriétés immobilières, foncières, portefeuille financier...) moins les dettes, en tenant compte des taux de change et du pouvoir d'achat. Les revenus (salaires, retraites, allocations) ne sont pas exprimés». Il apparaissait ainsi que la concentration de la richesse est très forte tant entre les pays qu'à l'intérieur d'un même pays.

La concentration de la richesse dans les pays les plus développés n'étonnera personne : «25 % des 10 % des personnes les plus riches vivent aux Etats-Unis, 20 % au Japon, 8 % en Allemagne, 7 % en Italie, 6 % en Grande-Bretagne, 4 % en France et en Espagne». Mais au sein des pays : "La part de richesse détenue par les 10 % les plus riches s'échelonne d'environ 40 % en Chine à 70 % aux Etats-Unis, voire plus dans d'autres pays".

Il est surprenant de constater qu'alors que le modèle est soi-disant la démocratie libérale, on assiste non seulement à une concentration de la richesse mais aussi à une concentration des entreprises (oligopoles) et à une concentration du pouvoir entre quelques mains (oligarchie). Le "capitalisme financier" semble en fait incompatible avec une juste répartition de la richesse. Que penserait alors l’oligarchie financière d’une meilleure redistribution ?!

19/10/2012

Délit de "contrefaçon"

Voilà déjà quelques jours que les premiers catalogues de jouets sont passés de la "hotte" du facteur à nos boîtes aux lettres. Soit deux mois et demi avant les fêtes de fin d'année. C'est ce qu'on peut appeler de l'anticipation. Les grands magasins étalent les derniers jeux et jouets à la mode, et organisent dans une débauche de moyens la grande récréation des enfants gâtés pourris de notre civilisation.

Feuilletons donc un de ces catalogues et commençons par l'espace «Filles». Tout y est pour laver, coucher, faire manger, changer, promener, soigner bébé ; pour cuisiner, nettoyer, repasser ; pour acheter, aménager, décorer ; pour se maquiller, se coiffer, se parer... De quoi faire de nos filles de parfaites mères, maîtresses de maison, voire épouses si affinités ?

Quant à l'espace «Garçons», ils sont tous là : les garages et circuits automobiles, les véhicules de course et de pompier, les engins de chantier et de guerre, les établis et les fermes, les champs de bataille et les soldats, les pirates et les monstres, les robots et les super-héros, les maquettes et les jeux de construction, les bolides radiocommandés et les baby-foot...

Rien de bien surprenant en fait, sauf qu'en quelques pages nous sautent aux yeux les archétypes d'une société encore largement phallocratique. Nous trouvons là en effet tous les partis pris concernant les rôles de chaque sexe, à moins bien sûr de n'y voir que la reproduction de leur nature profonde. "Reproduction" : tel est le mot qui convient d'ailleurs, mais dans le sens d'imitation, de répétition.

Car l'enfant ne fait que reproduire le modèle qui lui est donné et dans son désir de "faire comme", de calquer sa conduite sur celle de papa ou maman, il choisit le jouet ou le jeu à leur image, mais il choisit aussi dans ce qu'on lui propose. Son choix est guidé. Comme si le monde adulte, se reflétant dans ces catalogues, était exemplaire, voué à être singé et à se perpétuer de génération en génération.

A quoi préparons-nous nos enfants et quel monde préparons-nous? Pourrait-on imaginer des jouets et jeux qui préparent les garçons à leurs vies et responsabilités futures de pères, maîtres de maison, voire époux si affinités ? Et entre s'incliner devant "l'inné" et répéter "l'acquis" à l'identique, n'y a-t-il pas place pour élever les enfants et leur esprit, pour la création plutôt que pour la copie ?