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22/11/2013

Fan... Fana... Fanatique... Fanatisme... Barbarie

Dans un monde sans cesse plus brutal, la barbarie toujours guette. Obnubilé par ses conquêtes du pouvoir, du succès, d'un droit, du bonheur..., sans parler de ses conquêtes amoureuses, l'homme est survolté et de plus en plus agressif. Droit comme un i, plutôt que de se serrer les coudes, il joue des coudes pour avancer. "Pousse-toi de là que je m'y mette", tel semble être le message permanent qui émane de lui.

Emporté - à la fois entraîné avec force, rapidité et prompt aux mouvements de colère -, l'homme ne maîtrise plus rien et ne se maîtrise plus ; ceci expliquant sans doute cela : "II va comme on le pousse", mais "Faut pas pousser !" tout de même. Encouragé toutefois par ce monde grossier, l'homme mal dégrossi n'a pas de mal à retrouver ses instincts ancestraux, archaïques, à faire se réveiller l'animal qui sommeille en lui.

Hugo pensait que «La création est une ascension perpétuelle, de la brute vers l'homme, de l'homme vers Dieu». Vivrions-nous une régression ? La rivalité et l'émulation qui fondent notre société, renvoyant à ce qu'il y a de plus primitif chez l'homme, de plus bestial. La bête immonde tapie en lui ne demandant qu'à ressurgir. D'autant que l'obéissance à la règle, à la loi morale d'une collectivité, peut amener à "faire le Mal".

Même les religions primitives : animisme, chamanisme, fétichisme, totémisme, paraissent pour certaines d'entre elles reprendre, sous d'autres formes, du poil de la bête. L'homme verse facilement dans l'irrationnel. Ainsi la recherche des jouissances et des biens matériels se rapproche d'une sorte d'adoration des objets matériels auxquels on semble attribuer un pouvoir surnaturel, magique et bénéfique : du fétichisme !

Le Dieu unique (monothéisme) cède la place à des divinités multiples ; c'est la renaissance du polythéisme. Les cultes païens idolâtres retrouvent ainsi une seconde jeunesse avec la vénération d'idoles en vogue. Il suffit de suivre cette pente de l'homme à être fasciné par les dieux de la terre (les rois, les souverains, les puissants), les dieux du stade, les dieux du petit et du grand écran..., et par le pouvoir, l'argent, le plaisir.

La mythologie humaine s'enrichit de fables et héros fabuleux. De "nouveaux démons" apparaissent. La superstition, les sciences occultes et le surnaturel, le fantastique ont une cote d'enfer. Toutes sortes de sectes, d'intégrismes, de "totems" et "tabous" modernes menacent des religions et morales traditionnelles. L'on constate même le retour de sacrifices et meurtres rituels. Attention ! le fanatisme est le marchepied de la barbarie.

01/08/2012

Le plus grand cirque du monde

Les dieux du stade ont donc investi les arènes de Londres. Devant des centaines de caméras, ils vont aller d'exploits en exploits, les commentateurs s'enflammant dans l'espoir d'entretenir notre intérêt pour ce qui n'est en définitive que des personnes qui courent, qui sautent ou qui lancent. Le monde entier, c'est-à-dire les habitants de la planète qui ont l'électricité et accès à la télévision, n'aura d'yeux que pour ces héros modernes, figures emblématiques de nos sociétés qui vouent un culte au corps, à la jeunesse et à la performance.

Plus vite, plus haut, plus fort, tel est le leitmotiv de ces Olympiades. Et Pierre de Coubertin doit se retourner dans sa tombe en voyant ces jeux transformés en enjeux médiatiques, politiques et financiers. L'essentiel n'étant plus évidemment de participer mais bien de gagner et parfois par tous les moyens. En termes d'image, de notoriété, de rentabilité, les JO sont une affaire, une gigantesque affaire de gros sous mais aussi une affaire de pouvoir. Les empereurs romains avaient déjà compris tout le parti qu'ils pouvaient tirer des combats de gladiateurs. «Panem et circenses», du pain et des jeux de cirque, voilà une méthode infaillible pour gouverner ou, devrions-nous plutôt dire, manœuvrer les hommes.

Mais pour l'occupation des masses, il ne peut y avoir de trou dans l'agenda du divertissement. L'euphorie se doit d'être perpétuelle (titre, en italique, d'un livre de Pascal Bruckner chez Grasset). Le spectacle permanent, voilà le mot d'ordre. Les médias, les sponsors, les Etats et nous spectateurs réclamons des compétitions, des records, des vainqueurs et des médailles. Ah ! ces champions au garde-à-vous tenant fièrement leur récompense, ces drapeaux qui claquent au vent et ces Marseillaises. Mais pendant que «l'étendard sanglant est levé», «qu’un sang impur abreuve nos sillons», que disons-nous, que faisons-nous du sang dopé qui coule dans les veines de combien d'athlètes montrés en exemple ?!

Eh bien ! malgré tout, nous regarderons ces conquérants de l'inutile se dépenser (pas vraiment sans compter) pour des gloires passagères et des trophées dérisoires. Peut-être juste pour s'enthousiasmer, peut-être pour rêver. Peut-être aussi pour combler le vide de nos existences et l'absence de sens de notre société où, au moment des jeux de Sydney en 2000, une vedette multimillionnaire du football¹, certes douée et sympathique, détrônait au hit-parade de nos personnalités préférées, un religieux sans le sou² ayant voué sa vie à ceux qui ne sont ni compétitifs, ni jeunes, ni en bonne santé, et qui n'ont ni l'électricité ni la télévision.

¹ Zinedine Zidane ; ² l'abbé Pierre