18/12/2025
Fan... Fana... Fanatique... Fanatisme... Barbarie
Dans un monde sans cesse plus brutal, la barbarie toujours guette. Obnubilé par ses conquêtes du pouvoir, du succès, d'un droit, du bonheur..., sans parler de ses conquêtes amoureuses, l'homme est survolté et de plus en plus agressif. Droit comme un i, plutôt que de se serrer les coudes, il joue des coudes pour avancer. "Pousse-toi de là que je m'y mette", tel semble être le message permanent qui émane de lui.
Emporté - à la fois entraîné avec force, rapidité et prompt aux mouvements de colère -, l'homme ne maîtrise plus rien et ne se maîtrise plus ; ceci expliquant sans doute cela : "II va comme on le pousse", mais "Faut pas pousser !" tout de même. Encouragé toutefois par ce monde grossier, l'homme mal dégrossi n'a pas de mal à retrouver ses instincts ancestraux, archaïques, à faire se réveiller l'animal qui sommeille en lui.
Hugo pensait que «La création est une ascension perpétuelle, de la brute vers l'homme, de l'homme vers Dieu». Vivrions-nous une régression ? La rivalité et l'émulation qui fondent notre société, renvoyant à ce qu'il y a de plus primitif chez l'homme, de plus bestial. La bête immonde tapie en lui ne demandant qu'à ressurgir. D'autant que l'obéissance à la règle, à la loi morale d'une collectivité, peut amener à "faire le Mal".
Même les religions primitives : animisme, chamanisme, fétichisme, totémisme, paraissent pour certaines d'entre elles reprendre, sous d'autres formes, du poil de la bête. L'homme verse facilement dans l'irrationnel. Ainsi la recherche des jouissances et des biens matériels se rapproche d'une sorte d'adoration des objets matériels auxquels on semble attribuer un pouvoir surnaturel, magique et bénéfique : du fétichisme !
Le Dieu unique (monothéisme) cède la place à des divinités multiples ; c'est la renaissance du polythéisme. Les cultes païens idolâtres retrouvent ainsi une seconde jeunesse avec la vénération d'idoles en vogue. Il suffit de suivre cette pente de l'homme à être fasciné par les dieux de la terre (les rois, les souverains, les puissants), les dieux du stade, les dieux du petit et du grand écran..., et par le pouvoir, l'argent, le plaisir.
La mythologie humaine s'enrichit de fables et héros fabuleux. De "nouveaux démons" apparaissent. La superstition, les sciences occultes et le surnaturel, le fantastique ont une cote d'enfer. Toutes sortes de sectes, d'intégrismes, de "totems" et "tabous" modernes menacent des religions et morales traditionnelles. L'on constate même le retour de sacrifices et meurtres rituels. Attention ! le fanatisme est le marchepied de la barbarie.
18:44 Publié dans Mal | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : monde brutal, barbarie, conquêtes, pouvoir, succès, droit, bonheur, l'homme survolté, agressif, se serrer les coudes, jouer des coudes, instincts, hugo, brute, homme, dieu, régression, rivalité, émulation, la bête immonde, obéissance à la règle, loi morale, faire le mal, animisme, chamanisme, fétichisme, totémisme, l'irrationnel, adoration des objets matériels, monothéisme, polythéisme, cultes païens idolâtres, vénération d'idoles, dieux de la terre, dieux du stade, dieux du petit et du grand écran, argent, plaisir, fables et héros fabuleux, démons, superstition, sciences occultes, surnaturel, fantastique, sectes, intégrismes, totems et tabous, religions et morales traditionnelles, sacrifices et meurtres rituels, fanatisme |
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19/10/2023
L'homme contre l'homme
«Tant d'horreurs n'auraient pas été possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de sciences pour tuer tant d'hommes, dissiper tant de biens, anéantir tant de villes en si peu de temps, mais il a fallu non moins de qualités morales. Savoir et Devoir, vous êtes donc suspects ?» La grande interrogation de Paul Valéry en 1919 dans La Crise de l'esprit chez Gallimard, continue de nous tarauder aujourd'hui.
Le philosophe Alain Finkielkraut dans son essai sur le XXe siècle L'Humanité perdue, paru au Seuil, rappelle ce «diagnostic désespéré» de Valéry. La guerre 14-18 interdisait désormais de voir obligatoirement en «l'essor prodigieux des aptitudes et des connaissances humaines» un «progrès de l'humanité». Et depuis, la situation n'a cessé d'empirer, la capacité de l'homme ayant décuplé et confinant maintenant à la toute-puissance.
«(...) c'est la vertu qui s'est mise au service de l'horreur, écrit encore Alain Finkielkraut ; (...) c'est la barbarie qui a mobilisé les ressources de la Raison et les inventions de la science.» Et dorénavant une épée de Damoclès semble suspendue au-dessus de l'humanité. Janus des temps modernes, le Savoir par son étendue présente de nos jours deux visages dont l'un obscur paraît pouvoir même conduire l'humanité à sa perte.
Car il n'y a pas que les armes qui soient devenues "de destruction massive", certaines "avancées" apportent avec des avantages, leur lot de menaces. Les hommes pourraient être victimes d'eux-mêmes, de leur rêve prométhéen de percer les secrets des dieux, de devenir comme des dieux, tout en étant convaincus de faire leur Devoir, de bien faire. Faire ainsi tout le mal possible avec les meilleures intentions du monde.
Mais nos intentions sont-elles toutes délibérées, ou suivons-nous plutôt, en étant "à la pointe du progrès", en nous disant "d'avant-garde", une logique indépendante de notre volonté ? «Si, par opposition au "pouvoir faire", écrit Hannah Arendt dans Du mensonge à la violence, le terme "pouvoir" signifie qu'il nous est possible de faire ce que nous voulons, il nous faut bien reconnaître que notre "pouvoir" est tombé dans l'impuissance.»
«Les progrès accomplis par la science, poursuit-elle, sont tout autre chose que l'expression du "je veux" personnel ; ils suivent leurs propres et inexorables lois, nous contraignant à faire ce qu'il nous est possible de faire, sans tenir compte des conséquences.» Nuisibles pour l'homme. Valéry affirmait : «On peut dire que tout ce que nous savons, c'est-à-dire tout ce que nous pouvons, a fini par s'opposer à ce que nous sommes».
16:04 Publié dans Progrès | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : horreurs, vertus, sciences, qualités morales, savoir, devoir, paul valéry, la crise de l'esprit, éditions gallimard, alain finkielkraut, l'humanité perdue, éditions du seuil, guerre 14-18, essor prodigieux, aptitudes, connaissances, progrès, capacité, toute-puissance, barbarie, raison, "avancées", avantages, menaces, victimes, rêve prométhéen, secrets des dieux, devenir comme des dieux, avec les meilleures intentions du monde, logique indépendante de notre volonté, hannah arendt, du mensonge à la violence, pouvoir faire, faire ce que nous voulons, impuissance, inexorables lois, ce qu'il nous est possible de faire, conséquences, s'opposer à ce que nous sommes |
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12/04/2021
Le crime contre l'humanité
La journée du Souvenir des Déportés, le dernier dimanche d'avril, vient nous rappeler depuis 76 ans une abomination. Cette journée nationale des héros et victimes de la déportation n'est pas une commémoration comme les autres. Certes la Seconde Guerre mondiale n'a pas été avare d'atrocités sans nom, de même que le vingtième siècle, mais rien ne dépasse en monstruosité le crime contre l'humanité.
André Frossard dans son livre Le crime contre l'humanité paru en 1997 chez Robert Laffont, soulignait la spécificité de : «ce meurtre conscient que fut l'extermination des Juifs, mise en doctrine, préparée, annoncée longtemps à l'avance, organisée avec lucidité, et assez de machiavélisme pour que l'exécutant ne se sentît pas plus impliqué que son voisin, ni plus porté à désobéir (...)».
«Le crime contre l'humanité, poursuivait-il, c'est tuer quelqu'un sous prétexte qu'il est né». Mais à l'assassinat notait André Frossard, s'ajoute la tentative d'avilissement. D'où la définition définitive de ce rescapé de la baraque des juifs du fort Montluc où, résistant, il fut détenu en 1944 : «Il y a crime contre l'humanité, quand l'humanité de la victime est niée, en clair, et sans appel».
André Frossard voyait dans le nouveau paganisme resurgi au milieu du XXe siècle, l'explication de cette haine visant à l'anéantissement du peuple élu et de ce Dieu dont Nietzsche avait annoncé la mort. Puis citant Aristote : le Barbare «est celui qui ne vit pas sous des lois», l'auteur dénonçait le totalitarisme, «la barbarie à l'état pur», dont les crimes «(...) ont une seule et même origine : le mépris de l'homme».
«Et ce mépris de l'homme (...), remarquait-il, on en relève des traces ailleurs, dans l'archipel du Goulag, dans certaines expériences génétiques, dans l'exploitation industrielle du fœtus, dans le trafic des enfants à naître, dans l'indifférence totale des fabricants de pollution, dans l'immoralité consciente ou inconsciente des experts en manipulations psychologiques.»
Cela peut recommencer, en d'autres lieux, sous d'autres formes. Cela a peut-être déjà recommencé. D'où sa mise en garde en direction de la jeunesse pour qu'elle ne vende jamais son âme à un parti, une idéologie, un homme, et qu'elle préserve sa connaissance du Bien et du Mal léguée par la tradition religieuse ou morale. Et André Frossard, l'Immortel aujourd'hui disparu, terminait par ce dernier avertissement : «enfants, soyez vigilants, enfants, méfiez-vous».
09:52 Publié dans Crime contre l'humanité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le crime contre l'humanité, souvenir des déportés, andré frossard, meurtre conscient, extermination des juifs, assassinat, tentative d'avilissement, baraque des juifs du fort montluc, nouveau paganisme, haine, visant à l'anéantissement du peuple élu et de dieu, nietzsche, aristote, barbare, lois, totalitarisme, barbarie, mépris de l'homme, goulag, expériences génétiques, exploitation du foetus, trafic d'enfants, fabricants de pollution, manipulations psychologiques, jeunesse, ne jamais vendre son âme, parti, idéologie, connaissance du bien et du mal, tradition religieuse ou morale, soyez vigilants, méfiez-vous |
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