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02/04/2013

La participation : un vieux projet

Périodiquement sont évoqués des projets d'amélioration de la participation des citoyens et des salariés. Mais il est surprenant de constater que cette question est une vieille histoire. Alain Soral dans son livre Socrate à St-Tropez aux éditions Blanche, cite une conférence de presse de Charles de Gaulle, tenue au palais de l'Elysée le 9 septembre 1968. Soit huit mois seulement avant sa démission.

«Nous avons à réformer, car il est clair que, dans les engrenages de la société mécanique moderne, l'homme éprouve le besoin de se manifester comme tel, autrement dit de participer, non point seulement par son suffrage à la marche de la République, mais, par l'intéressement et la consultation, à celle de l'activité particulière où il s'emploie (...)» déclare De Gaulle, avant d'expliciter à Michel Droit ce changement de la société.

D'abord, il réfute la solution communiste, mais poursuit par une critique du capitalisme, car avance-t-il, celui-ci «dit : grâce au profit qui suscite l'initiative, fabriquons de plus en plus de richesses qui, en se répartissant par le libre marché, élèvent en somme le niveau du corps social tout entier. Seulement, voilà, la propriété, la direction, le bénéfice des entreprises dans le système capitaliste n'appartiennent qu'au capital».

«Alors, ceux qui ne le possèdent pas se trouvent dans une sorte d'état d'aliénation, à l'intérieur même de l'activité à laquelle ils contribuent. Non, le capitalisme du point de vue de l'homme n'offre pas de solution satisfaisante. Il y a une troisième solution : c'est la participation, qui, elle, change la condition de l'homme (...). Dès lors que des gens se mettent ensemble pour une œuvre économique commune,...

«... (...) il s'agit que tous forment ensemble une société, (...) où tous aient intérêt à son rendement et à son bon fonctionnement (...). Cela implique que soit attribuée (...) à chacun une part de ce que l'affaire gagne et de ce qu'elle investit (...) grâce à ses gains. Cela implique aussi que tous soient informés (...) de la marche de l'entreprise et puissent (...) faire valoir leurs intérêts, leurs points de vue et leurs propositions.»

Cette «voie dans laquelle il faut marcher» fut sans issue pour De Gaulle. Son projet de loi soumis au référendum de 1969, portant sur la régionalisation et la réforme du Sénat, donna d'après Alain Soral, un prétexte à la droite libérale pour "sonner la retraite". Mais la véritable raison serait à rechercher du côté d'une seconde étape : cette participation des salariés au destin et au profit des entreprises. Toujours à l'état de projet.

 

01/08/2012

Le plus grand cirque du monde

Les dieux du stade ont donc investi les arènes de Londres. Devant des centaines de caméras, ils vont aller d'exploits en exploits, les commentateurs s'enflammant dans l'espoir d'entretenir notre intérêt pour ce qui n'est en définitive que des personnes qui courent, qui sautent ou qui lancent. Le monde entier, c'est-à-dire les habitants de la planète qui ont l'électricité et accès à la télévision, n'aura d'yeux que pour ces héros modernes, figures emblématiques de nos sociétés qui vouent un culte au corps, à la jeunesse et à la performance.

Plus vite, plus haut, plus fort, tel est le leitmotiv de ces Olympiades. Et Pierre de Coubertin doit se retourner dans sa tombe en voyant ces jeux transformés en enjeux médiatiques, politiques et financiers. L'essentiel n'étant plus évidemment de participer mais bien de gagner et parfois par tous les moyens. En termes d'image, de notoriété, de rentabilité, les JO sont une affaire, une gigantesque affaire de gros sous mais aussi une affaire de pouvoir. Les empereurs romains avaient déjà compris tout le parti qu'ils pouvaient tirer des combats de gladiateurs. «Panem et circenses», du pain et des jeux de cirque, voilà une méthode infaillible pour gouverner ou, devrions-nous plutôt dire, manœuvrer les hommes.

Mais pour l'occupation des masses, il ne peut y avoir de trou dans l'agenda du divertissement. L'euphorie se doit d'être perpétuelle (titre, en italique, d'un livre de Pascal Bruckner chez Grasset). Le spectacle permanent, voilà le mot d'ordre. Les médias, les sponsors, les Etats et nous spectateurs réclamons des compétitions, des records, des vainqueurs et des médailles. Ah ! ces champions au garde-à-vous tenant fièrement leur récompense, ces drapeaux qui claquent au vent et ces Marseillaises. Mais pendant que «l'étendard sanglant est levé», «qu’un sang impur abreuve nos sillons», que disons-nous, que faisons-nous du sang dopé qui coule dans les veines de combien d'athlètes montrés en exemple ?!

Eh bien ! malgré tout, nous regarderons ces conquérants de l'inutile se dépenser (pas vraiment sans compter) pour des gloires passagères et des trophées dérisoires. Peut-être juste pour s'enthousiasmer, peut-être pour rêver. Peut-être aussi pour combler le vide de nos existences et l'absence de sens de notre société où, au moment des jeux de Sydney en 2000, une vedette multimillionnaire du football¹, certes douée et sympathique, détrônait au hit-parade de nos personnalités préférées, un religieux sans le sou² ayant voué sa vie à ceux qui ne sont ni compétitifs, ni jeunes, ni en bonne santé, et qui n'ont ni l'électricité ni la télévision.

¹ Zinedine Zidane ; ² l'abbé Pierre