14/05/2012
En mai, ne te découvre pas d'un fil
L'expression «En mai, fais ce qu'il te plaît» nous renvoie théoriquement à des contingences vestimentaires. La température au mois de mai devenant suffisamment douce pour ne pas avoir à s'inquiéter de se couvrir afin de se préserver du froid. Pourtant, en ces périodes d'effet de serre et de changement climatique, nous ne savons plus à quel dicton nous vouer.
Puis surtout, avez-vous remarqué qu’avec le temps le soleil se faisait plus piquant, plus brûlant ? Les médias se font d'ailleurs amplement la chambre de résonnance des messages de prévention adressés par les autorités médicales dès la belle saison arrivée. La crème solaire, les lunettes de soleil, le couvre-chef mais aussi le vêtement sont vivement préconisés.
Il s'agit bien en effet de prévention et non de précaution. Les effets des rayons ultra-violets sont connus. Ils s'additionnent d'année en année et provoquent de véritables ravages sur la peau, allant dans le meilleur des cas de son vieillissement prématuré jusqu'au mélanome. La mode du bronzage et du nudisme (ou peu s'en faut), est bien sûr le principal facteur d'apparition de ces lésions.
Les plus graves, nous disait le cancérologue Maurice Tubiana, dans son livre La prévention des cancers (collection Dominos chez Flammarion), sont les mélanomes, ces cancers qui se développent à partir des mélanocytes : cellules responsables de la pigmentation de la peau et à l'origine des grains de beauté. Ils se généralisent rapidement et ne guérissent que dans 15 % à 50 % des cas.
Les personnes les plus sensibles sont celles à peau claire, à peau jeune et/ou à peau sujette aux grains de beauté. Ces derniers apparaissent généralement avant quinze ans et Maurice Tubiana observait avec inquiétude que les enfants en ont aujourd'hui trois fois plus qu'il y a trente ans. Il faut donc à tout prix limiter l'exposition et prévenir les coups de soleil durant l'enfance et l'adolescence.
L'usage des lampes UV augmentant encore les risques, les crèmes solaires étant souvent mal employées, ou d'un indice de protection insuffisant, ou pas entièrement efficaces même en écran total, la meilleure prévention consiste à renoncer aux bains de soleil et à toute surexposition de sa peau blanche de citadin. Et en mai, tout l'été, comme «En avril, ne te découvre pas d'un fil».
15:24 Publié dans Santé | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : en avril ne te découvre pas d'un fil, en mai fais ce qu'il te plaît, effet de serre, changement climatique, soleil, rayons ultra-violets, vieillissement prématuré, mélanome, bronzage, nudisme, maurice tubiana, cancérologue, la prévention des cancers, peau claire, peau jeune, grains de beauté, lampes uv, crèmes solaires | Facebook |
11/05/2012
Ceux qui vont "mourir" vous saluent
Vous connaissez tous, ne serait-ce que de nom, ces émissions dites de télé-réalité qui organisent l'expulsion de la plupart de leurs participants. Sorte de mise à mort en direct et en public, dans les arènes de ces cirques télévisés pour adolescents et "adulescents", ces adultes qui se refusent de mûrir. Mais l'immaturité n'est pas la seule caractéristique de ces programmes qui quelque part "reprogramment" leur jeune public.
A écouter leurs metteurs en scène, il n'y aurait pas matière à s'alarmer devant les situations exhibées, puisque ces émissions ne feraient que reproduire, représenter "la société telle qu'elle est". A les en croire, la vie professionnelle et sociale ne serait qu'un grand jeu dont le but serait l'élimination des rivaux afin d'accéder aux meilleures places. Drôle de conception de la vie, mais peut-être pas si éloignée d'une réalité.
Car même si tout sonne faux dans ces décors factices et ces rebondissements scénarisés, une vision se dégage de l'ensemble et dépasse la fiction. Et le message subliminal, trompeur, se résume à : tout est possible à qui est jeune, beau, en bonne santé, et ne s'embarrasse pas de scrupules. Tous les moyens sont bons pour devenir riche et célèbre, pour arriver dans cette société de "Nombrils du monde" et de parvenus.
En un sens, ces émissions peuvent être vues comme des examens de passage dans le monde dit adulte : réaliste, matérialiste et cynique. Les modèles présentés s'imposent par ce "besoin de s'identifier", si fort à l'adolescence, et avec lequel les spectacles audiovisuels jouent. "Sortir de sa condition" est à la fois l'objectif des candidats et des participants, et le ressort captant l'attention des jeunes téléspectateurs.
Au programme donc : sélection, compétition, exclusion... Une programmation en fait, assumée pleinement et interactive : "Téléphonez et votez pour le(s) participant(s) de votre choix". Et il s'en trouve pour appeler et sacrifier ceux qui, jetés en pâture en une espèce de rite d'initiation, n'auront pas su plaire. La foule se repaît ainsi de la fin de l'enfance, de la perte de l'innocence, de l'exposition des illusions et du "paradis" perdus.
«Ave Caesar (ou Imperator), morituri te salutant», criaient les gladiateurs en direction de l'empereur romain. «Salut Empereur, ceux qui vont mourir te saluent». Sous l'empire de la télévision, la jeunesse et ses idéaux sont ainsi immolés dans et devant le poste, et modelés à l'image de la société. Les voilà mûrs pour servir le système mercantile. Sans autre ambition. Ils défilent avant le combat, tellement vivants, mais déjà "morts".
09:38 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télé-réalité, expulsion, mise à mort, cirques télévisés, adolescents, adulescents, immaturité, reprogrammation, société telle qu'elle est, vie professionnelle et sociale, grand jeu, élimination des rivaux, accéder aux meilleures places, décors factices, rebondissements scénarisés, nombrils du monde, parvenus, examens de passage, monde dit adulte, réaliste, matérialiste, cynique, sortir de sa condition, sélection, compétition, exclusion, fin de l'enfance, perte de l'innocence, exposition des illusions et du paradis perdus, sous l'empire de la télévision, jeunesse et idéaux immolés, servir le système mercantile, ceux qui vont mourir vous saluent | Facebook |
18/04/2012
Voter utile, c'est se rallier
"Voter utile", quoi de plus contraire à la démocratie ?! Voter "pour un candidat susceptible d'être élu, plutôt que pour celui qu'on préfère", c'est un peu comme "voler au secours de la victoire", "agir une fois que la victoire est assurée". Les sondages la prédisent et tout suit. «Le monde n'est que franche moutonnaille»(La Fontaine). Et à ceux-là qui se rallient à l'opinion de la majorité s'ajoutent ceux-ci dont les opinions sont dictées par l'intérêt.
«J'ai raté ma carrière politique, disait Jean Lecanuet. J'aurais dû être gaulliste ou socialiste. Je n'aurais pas passé ma vie à courir après des élus qui, chez nous, suivent les vents et ne songent qu'à aller à la soupe.»Est-ce que les choses ont changé depuis ? Celui ou celle qui a le plus de chances de gagner, voit se rallier les opportunistes avant de rallier les suffrages. Mais est-ce le (ou la) meilleur(e) ou est-ce le (ou la) mieux placé(e) ?
Tout est une question de place. On joue un des chevaux donnés gagnants et placés pour obtenir une place. On joue placé pour toucher. Mais la démocratie n'est pas un pari ou un calcul. L'enjeu de la partie n'est pas la victoire de tel ou telle avec des gains à empocher. Ou si c'est un jeu, il est dangereux car il fait le jeu des ambitieux sans scrupules, prêts à s'asseoir sur leurs convictions pourvu qu'ils soient du camp victorieux.
Winston Churchill définissait ainsi l'homme politique : «Être capable de dire à l'avance ce qui va arriver demain, la semaine prochaine, le mois prochain et l'année prochaine. Et être capable, après, d'expliquer pourquoi rien de tout cela ne s'est produit». Et Franz-Olivier Giesbert(1) de noter qu'en effet souvent «Le discours n'a (...) aucune importance. C'est un instrument de conquête ou de séduction. Pas de vérité ni de pédagogie».
Saint-Simon(2) décrivait Mazarin comme «Un étranger de la lie du peuple, qui ne tient à rien et qui n'a d'autre Dieu que sa grandeur et sa puissance, ne songe à l'État qu'il gouverne que par rapport à soi. Il en méprise les lois, le génie, les avantages ; il en ignore les règles et les formes, il ne pense qu'à tout subjuguer». Que les partisans vainqueurs se méfient : «Passer sous un arc de triomphe, c'est aussi passer sous le joug»(Paul Valéry).
Revenons à l'esprit républicain. "Le président d'une république n'est que le primus inter pares", "le premier entre ses égaux". L'enjeu d'une élection, c'est la victoire d'idées, d'un projet, d'une vision. "Au premier tour on choisit, au second on élimine", oublier cela c'est aggraver la bipolarisation faite pour canaliser les déçus et pour se succéder en alternance, et qui, si elle devenait systématique, constituerait «un recul de la démocratie»(Philippe Breton).
(1)La Tragédie du Président, scènes de la vie politique 1986-2006 - Flammarion
(2)Mémoires - tome V de la Pléiade chez Gallimard
10:55 Publié dans Démocratie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voter utile, se rallier, démocratie, voler au secours de la victoire, sondages, opinion de la majorité, intérêt, opportunistes, question de place, pari, calcul, jeu dangereux, ambitieux sans scrupules, convictions, winston churchill, homme politique, franz-olivier giesbert, discours, conquête, séduction, vérité, pédagogie, saint-simon, mazarin, partisans vainqueurs, triomphe, joug, paul valéry, esprit républicain, président, primus inter pares, élection, idées, projet, vision, au premier tour on choisit au second on élimine, bipolarisation, déçus, alternance, recul de la démocratie, philippe breton | Facebook |