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16/03/2012

La vérité : condition de la liberté

Nous voici comme si de rien n'était, à la veille d'un grand rendez-vous électoral. Et beaucoup semblent bien dépourvus face à cette liberté de pouvoir choisir. «(...) Mais si, au lieu d'exercer réellement mon droit de vote, s'interrogeait Sartre, je ne faisais que participer à la cérémonie dérisoire de l'isoloir et du bulletin, bref si mes actes de citoyen se métamorphosaient secrètement en gestes...» stériles.

La question est là : celle du sens. Débattre de toutes les questions, voilà sans doute qui redonnerait quelques couleurs à une cinquième République bien pâlichonne. Mais de cela personne ne veut, par incapacité, facilité, souci d'audience, etc. L'électoralisme se caractérise par la volonté sur le fond, de ne fâcher quiconque, de ne pas faire de vagues, d'éviter les polémiques, pour son propre intérêt.

Sur la forme, l'on simule une franche opposition et l'on se contente de quelques effets de manches destinés à stimuler des troupes de militants et sympathisants de plus en plus clairsemées, partisans aveugles d'une idéologie, d'une personne ou de leurs propres intérêts. Le marketing, le clientélisme..., n'est-ce pas là des pratiques de représentants de commerce et non de représentants du peuple ?

Que devient la vérité dans toute cette comédie ? Entre le "prêt à penser", la "pensée unique" ou le "politiquement correct", elle a bien du mal à se frayer un chemin. L'uniformisation venue de la globalisation et de l’industrialisation, touche aussi la pensée. Mais plus grave que le conformisme ou le parti pris, une nomenklatura semble accaparer le pouvoir, et limiter la liberté d'expression et la saine contradiction.

Jean Sévillia dans son livre Le terrorisme intellectuel, de 1945 à nos jours paru il y a douze ans chez Perrin, remarquait que «tout se passe comme si un petit milieu détenait les clés de la vérité. Et ceux qui contestent son monopole sont victimes d'une censure insidieuse, qui les réduit au silence» ou à l'impuissance, et d'un «terrorisme intellectuel (...)» qui «fait obstacle à tout vrai débat sur les questions essentielles qui engagent l'avenir...».

Jean-François Revel écrivait lui dans son livre Les Plats de saison : journal de l'année 2000 chez Plon/Seuil que «la démocratie n'aura pas tout à fait gagné tant que mentir continuera de paraître un comportement naturel (...). Aussi longtemps que la trahison de la vérité, la négation des faits élémentaires, la distorsion idéologique, le souci d'abattre le contradicteur et non de le réfuter s'éterniseront (...)».

05/03/2012

Consciences immolées à l'"Evolution"

Une femme pasteur de 66 ans à la retraite vient donc de donner naissance à des jumeaux. Souvenons-nous.

Une femme de 62 ans avait ainsi enfanté en 2001. C'était peut-être la première. Telle Sarah, la femme d'Abraham qui, raconte la Genèse, accoucha d'Isaac à l'âge de quatre-vingt-dix ans, le miracle s'était reproduit, si l'on peut dire, grâce à une médecine sans limites qui se prend pour le Créateur. Le gynécologue, témoin de ce prodige dans le domaine de la procréation gériatrique, n'avait-il pas dit : «C'est comme si j'avais accouché la Vierge Marie».

Et de fait on ne sut rien du père, ni du sexe du "petit Jésus", et tout ça aurait relevé de l'opération du Saint-Esprit si nous n'avions pas eu la preuve de la prouesse technique. Car prouesse il y a, puisqu'à longueur de médias, on nous rebat les oreilles avec ces "premières" qui se suivent, se ressemblent et finissent par nous donner le tournis. Vertiges de l’"amour" assisté par éprouvette interposée.

Seulement voilà, les premiers(ières) seront les derniers(ières), si l'on en croit l'enseignement biblique. A l'heure du jugement dernier, nous dit-on, les arbres seront jugés à leurs fruits. Et nous arbrisseaux fructifères qu'aurons-nous à présenter pour notre défense ? Nos fruits seront-ils ceux de l'amour ou ceux d'une Technique froide et aveugle qui ne mesure pas les conséquences de ses actes ?

La place de l'humain dans nos sociétés matérialistes est plus que jamais incertaine. Ici on allonge le délai légal de l'interruption volontaire de grossesse. Là, on s'interroge sur l'opportunité de stériliser les handicapés mentaux. Ici, on tend à "encadrer" (organiser ?) une euthanasie pratiquée couramment. Là, on rationne les soins en fonction de critères inavoués (inavouables ?). Etc.

Suffit-il que de nouvelles tentations et possibilités de les assouvir apparaissent pour qu'il faille s'y résigner ? Suffit-il de l'existence d'un intérêt pratique pour que le passage à l'acte suive inévitablement ? Suffit-il que nous soyons en accord avec nous-mêmes pour que nos choix soient légitimes ? En bref : la fin justifie-t-elle les moyens ? Et l'enfer n'est-il pas pavé de bonnes intentions ?

Sur l'autel de la soumission à l’"Évolution", le jeune Isaac, figure de l'humain innocent et sans défense, sera-t-il sacrifié ? Ou notre bras sera retenu par une sorte de divine providence qui nous fera revenir à la raison ? Un sursaut de conscience qui nous évitera de manger à nouveau le fruit défendu de l'arbre de la connaissance du bien et du mal et d'être chassés un peu plus encore du paradis terrestre.

17/02/2012

Introduction

 

Ecrire un blog comme l’on tient un journal, mais un journal ne relatant pas des événements au quotidien, les événements de l’actualité, mais rendant compte de "rencontres" intellectuelles. Observer, lire, réfléchir. Surtout éviter de réagir à chaud. Prendre le temps et de la distance, du recul ; multiplier les retours en arrière, les vues rétrospectives ; donner à penser, notamment sur la condition de l’homme dans notre civilisation qu’on dit avancée. Arriver à composer de "petites pièces" les plus intemporelles possibles, toutes pareilles sur la forme, qui sur le fond s’assembleraient, se complèteraient, se répondraient, se recouperaient et finiraient par constituer une "lecture" de nos sociétés comme elles (ne) vont (pas), une "lecture" en définitive et chrétienne et révoltée de leurs façons de faire le malheur d’êtres humains auxquels elles prétendent vouloir du bien. Rien ou presque sur ce Mal extraordinaire et officiel qui fait la une, ce Mal concentré dans l’espace et dans le temps. Tout ou presque sur ce Mal de tous les jours, ce Mal banal, disséminé, qui fait tellement plus de mal.

 

Vouloir éclairer et frapper, frapper pour réveiller ; après l’avoir été soi-même. Tenter, à l’instar de Bernanos, de combattre l’injustice, l’oubli des valeurs, et aussi cette médiocrité et cette indifférence trop humaines et flattées par l’époque moderne. Et puis toujours préciser, toujours se reporter aux définitions, se référer à des citations, recourir à des expressions courantes pour faire passer, faire connaître, donner accès. Avec gratitude pour les deux "Petits", Robert et Larousse, qui simplement par leurs définitions et/ou citations donnent à penser. Avec gratitude pour ces auteurs, penseurs, philosophes, sociologues, historiens, écrivains… qui nourrissent tant de conversations intérieures. Avec gratitude pour ces journaux et magazines qui ouvrent des horizons. Avec ce "fer dans la plaie" que beaucoup d’écrits ont déjà tout dit et n’ont rien changé, rien empêché.

 

Un changement de siècle peut s'opérer sur un événement particulier. D'un point de vue personnel, ce fut sur une question, la question d’un professeur de philosophie au début de son premier cours à des étudiants de 18-20 ans : « Qu’est-ce qu’être libre ? ». Et devant l’incapacité de femmes et d’hommes depuis peu majeurs et se destinant à être instituteurs de dire autre chose que « c’est faire ce qu’on veut », la réponse de ce professeur : « Etre libre, c’est pouvoir choisir, c’est surtout savoir choisir ». Puis d’ajouter à leurs mines dubitatives : « Que vaut la possibilité de choisir si l’on en est incapable, par ignorance, manque d’esprit critique, insuffisance d’informations, etc. ? ». La liberté perdait son statut d’"acquis" et devenait une conquête de tous les instants pour chaque individu. Alfred Sauvy disait : « Un homme qui n’est pas informé est un sujet, un homme informé est un citoyen », capable de se faire non une opinion versatile mais un jugement sûr. D’où cette conclusion en forme d’exigence : seul compte ce qui libère l’esprit, seuls comptent les esprits libres.

 

Ces derniers sont malheureusement pour beaucoup ou en retrait ou à la retraite ou enterrés. Rares dans les grands médias audiovisuels, présents le plus souvent à des heures et dans des programmes confidentiels, il faut chercher à découvrir et explorer ces terra incognita à côté desquelles nous pouvons passer toute notre vie, des territoires entiers des mondes technico-scientifique, économico-financier, politique, culturel… et du monde des idées qui restent dans l’ombre pour le plus grand nombre. Souvent, ce n’est que par l’écrit (livre, presse d’information…) qu’il est possible d’accéder aux pensées de ces esprits. Et l’on finit par croire comme d’autres que l'écrit constitue le seul véritable espace de liberté. Avec une mention spéciale pour l’essai.

 

Très vite Le Meilleur des mondes écrit en 1931 s’impose pour comprendre le pire de notre monde. Mais le roman d’Aldous Huxley perd en force par l’histoire qu’il raconte. La fiction l’emporte sur l’aspect documentaire, informatif qui constitue pourtant l’intérêt du livre mais se fond dans le décor. La nouvelle préface de 1946 et surtout l’essai d’Aldous Huxley Retour au meilleur des mondes publié en 1958 ont une force sans pareille. Lire cet essai conduit à souligner quasiment tout le texte tant, du début jusqu’à la fin, il décrit avec acuité l’évolution dans laquelle nous sommes aujourd’hui engagés, qui, outre la nature, atteint la nature même de l’homme, et sa vie et sa dignité. L’essai, expression libre et sans fioriture d’une pensée, paraît donc le chemin le plus court pour aller au fait, à l’essentiel, et aller au fond, toucher à la réalité profonde, si tant est que ce soit possible. Creuser, fouiller, sonder. Affiner et étoffer. L’essai peut-être aussi comme un manifeste contre cet appétit de l’homme de se faire raconter des histoires, de se raconter des histoires.

 

Au final, ce blog pourrait bien former un essai sans début ni fin, qui, s’il ne sera pas complet par nature et comportera sans doute des "pièces" en double ou triple, aura pour ambition d'être au moins cohérent ; ce qui, de nos jours, n’est déjà pas si mal.

 

Et ce qui fera l’unité des "pièces ramassées" de ce blog-essai, c’est l’atmosphère fin-de-siècle qui se dégage de ce début de siècle. Avec ce mépris de l’homme, de ce qui nous fait homme, de ce qui est bon ou mauvais pour l’homme, de ce qui grandit ou abaisse l’homme… ; mépris de l’homme menant au mépris de soi chez beaucoup d’hommes. Pour quelle raison ? Peut-être, comme l’écrivait Albert Schweitzer, du fait de cette « (…) misère spirituelle et matérielle à laquelle l’humanité d’aujourd’hui s’abandonne parce qu’elle renonce à la pensée et aux idéaux que celle-ci engendre » ; cette insignifiance avec tout plein de "petits bonheurs" quelconques dont la somme est censée faire le bonheur. Pauvre de nous ! condamnés à l’accoutumance (réelle ou supposée) ou condamnés.

 

Maintenant, les contrepoisons existent. A nous de voir.