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02/04/2012

Vox populi, vox Dei ?

«Quand les Français veulent s'informer, 71 % d'entre eux recourent à la télévision contre 26 % à la presse écrite. Mais il y a plus important : chaque soir, entre quinze et vingt millions de téléspectateurs sont devant leur poste pour regarder les journaux télévisés entre 19 h 30 et 20 h 30. Et, pour trois Français sur quatre, ce sera leur seule source d'information. (...) La démocratie est passée sous l'influence de la télévision.»

Jean-Marie Cotteret décrivait clairement la situation qui va s'aggravant depuis l'arrivée des médias de masse dans les années 60. Membre de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), professeur émérite à la Sorbonne et auteur notamment de La démocratie télé-guidée (Michalon), celui-ci s'exprimait dans Constructif datée de février 2007, la remarquable publication éditée par la Fédération française du bâtiment.

«Un demi-siècle plus tard, poursuivait-il, on retrouve des citoyens désabusés, des hommes politiques dévalorisés, un intérêt général pulvérisé, un discours uniformisé et une volonté nationale communautarisée.» Et encore plus inquiétant, une «légitimité cathodique» concurrence la «légitimité électorale», la télévision «donnant du pouvoir à ceux qui savent l'utiliser», s'arrogeant ainsi le droit d'influer, de faire plier la «volonté générale parlementaire».

Une dérive dangereuse pour Jean-Marie Cotteret. «Dans la démocratie telle que nous la connaissons depuis la Grèce, trois éléments conditionnent le rapport autorité/obéissance entre les gouvernants et les gouvernés. La durée d'abord : la politique a besoin du passé, du présent et de l'avenir. La raison ensuite : la conviction doit l'emporter sur la séduction. La recherche de la vérité enfin, seul but ultime de la démarche démocratique.»

La télévision obéit à des normes opposées. L'instant, l'émotion et le vraisemblable la régissent et empêchent toute réflexion approfondie, continue et honnête. «Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l'information s'accélère, se multiplie et se banalise. La télévision, c'est une activité sans mémoire» disait Patrick Le Lay, alors PDG de TF1*.

Sous le règne du pathos, la télévision et la vox populi (l'opinion du plus grand nombre, de la masse) indiquent les comportements conformes, à suivre sous peine de réprobation ou de mépris. Mais on ne peut se fier à "l’opinion publique" pour établir la vérité d'un fait, la valeur d'une chose. Reste donc une option : faire usage du temps et de la raison pour approcher la vérité, faire entendre une autre voix et braver l'opinion quoi qu'il en coûte.

* Les dirigeants face au changement – Les associés d’EIM – Les éditions du huitième jour

16/03/2012

La vérité : condition de la liberté

Nous voici comme si de rien n'était, à la veille d'un grand rendez-vous électoral. Et beaucoup semblent bien dépourvus face à cette liberté de pouvoir choisir. «(...) Mais si, au lieu d'exercer réellement mon droit de vote, s'interrogeait Sartre, je ne faisais que participer à la cérémonie dérisoire de l'isoloir et du bulletin, bref si mes actes de citoyen se métamorphosaient secrètement en gestes...» stériles.

La question est là : celle du sens. Débattre de toutes les questions, voilà sans doute qui redonnerait quelques couleurs à une cinquième République bien pâlichonne. Mais de cela personne ne veut, par incapacité, facilité, souci d'audience, etc. L'électoralisme se caractérise par la volonté sur le fond, de ne fâcher quiconque, de ne pas faire de vagues, d'éviter les polémiques, pour son propre intérêt.

Sur la forme, l'on simule une franche opposition et l'on se contente de quelques effets de manches destinés à stimuler des troupes de militants et sympathisants de plus en plus clairsemées, partisans aveugles d'une idéologie, d'une personne ou de leurs propres intérêts. Le marketing, le clientélisme..., n'est-ce pas là des pratiques de représentants de commerce et non de représentants du peuple ?

Que devient la vérité dans toute cette comédie ? Entre le "prêt à penser", la "pensée unique" ou le "politiquement correct", elle a bien du mal à se frayer un chemin. L'uniformisation venue de la globalisation et de l’industrialisation, touche aussi la pensée. Mais plus grave que le conformisme ou le parti pris, une nomenklatura semble accaparer le pouvoir, et limiter la liberté d'expression et la saine contradiction.

Jean Sévillia dans son livre Le terrorisme intellectuel, de 1945 à nos jours paru il y a douze ans chez Perrin, remarquait que «tout se passe comme si un petit milieu détenait les clés de la vérité. Et ceux qui contestent son monopole sont victimes d'une censure insidieuse, qui les réduit au silence» ou à l'impuissance, et d'un «terrorisme intellectuel (...)» qui «fait obstacle à tout vrai débat sur les questions essentielles qui engagent l'avenir...».

Jean-François Revel écrivait lui dans son livre Les Plats de saison : journal de l'année 2000 chez Plon/Seuil que «la démocratie n'aura pas tout à fait gagné tant que mentir continuera de paraître un comportement naturel (...). Aussi longtemps que la trahison de la vérité, la négation des faits élémentaires, la distorsion idéologique, le souci d'abattre le contradicteur et non de le réfuter s'éterniseront (...)».

05/03/2012

Consciences immolées à l'"Evolution"

Une femme pasteur de 66 ans à la retraite vient donc de donner naissance à des jumeaux. Souvenons-nous.

Une femme de 62 ans avait ainsi enfanté en 2001. C'était peut-être la première. Telle Sarah, la femme d'Abraham qui, raconte la Genèse, accoucha d'Isaac à l'âge de quatre-vingt-dix ans, le miracle s'était reproduit, si l'on peut dire, grâce à une médecine sans limites qui se prend pour le Créateur. Le gynécologue, témoin de ce prodige dans le domaine de la procréation gériatrique, n'avait-il pas dit : «C'est comme si j'avais accouché la Vierge Marie».

Et de fait on ne sut rien du père, ni du sexe du "petit Jésus", et tout ça aurait relevé de l'opération du Saint-Esprit si nous n'avions pas eu la preuve de la prouesse technique. Car prouesse il y a, puisqu'à longueur de médias, on nous rebat les oreilles avec ces "premières" qui se suivent, se ressemblent et finissent par nous donner le tournis. Vertiges de l’"amour" assisté par éprouvette interposée.

Seulement voilà, les premiers(ières) seront les derniers(ières), si l'on en croit l'enseignement biblique. A l'heure du jugement dernier, nous dit-on, les arbres seront jugés à leurs fruits. Et nous arbrisseaux fructifères qu'aurons-nous à présenter pour notre défense ? Nos fruits seront-ils ceux de l'amour ou ceux d'une Technique froide et aveugle qui ne mesure pas les conséquences de ses actes ?

La place de l'humain dans nos sociétés matérialistes est plus que jamais incertaine. Ici on allonge le délai légal de l'interruption volontaire de grossesse. Là, on s'interroge sur l'opportunité de stériliser les handicapés mentaux. Ici, on tend à "encadrer" (organiser ?) une euthanasie pratiquée couramment. Là, on rationne les soins en fonction de critères inavoués (inavouables ?). Etc.

Suffit-il que de nouvelles tentations et possibilités de les assouvir apparaissent pour qu'il faille s'y résigner ? Suffit-il de l'existence d'un intérêt pratique pour que le passage à l'acte suive inévitablement ? Suffit-il que nous soyons en accord avec nous-mêmes pour que nos choix soient légitimes ? En bref : la fin justifie-t-elle les moyens ? Et l'enfer n'est-il pas pavé de bonnes intentions ?

Sur l'autel de la soumission à l’"Évolution", le jeune Isaac, figure de l'humain innocent et sans défense, sera-t-il sacrifié ? Ou notre bras sera retenu par une sorte de divine providence qui nous fera revenir à la raison ? Un sursaut de conscience qui nous évitera de manger à nouveau le fruit défendu de l'arbre de la connaissance du bien et du mal et d'être chassés un peu plus encore du paradis terrestre.