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12/11/2022

La paix !

Au lendemain du 11 Novembre, que peut-on souhaiter de plus important que la paix ? Et d'abord, parce que la mort a saisi beaucoup de nos compatriotes ces dernières années et durant l'histoire, souhaitons que tous nos défunts "reposent en paix". "Paix à leurs cendres !" s'exclamait-on encore il n'y a pas si longtemps. Et si certains pensent qu’"il faut laisser les morts en paix", ne pas parler d'eux, d'autres parlent en mémoire d'eux.

Se souvenir de ceux qui sont passés, c'est un peu les faire revenir à la vie, juste le temps d'une pensée. Présents à l'esprit. Les cérémonies ne manquent pas, ces commémorations destinées davantage aux vivants qu'aux morts, où se pressent des officiels venus effectuer ce que Flaubert décrivait si bien : «L'oblique génuflexion des dévots pressés». "Rappeler le souvenir" ne doit pas revenir à battre le rappel des troupes.

Devant les monuments, les plaques..., il n'y a ni victoire ni défaite. Il n'y a que la mort et la longue liste des vaincus, ces hommes broyés par la guerre et la folie de "Grandeurs" se croyant dépositaires de leur vie. Ces "Grandeurs" - les mêmes parfois - honorant ensuite la loyauté, le sens du devoir, la discipline et l'esprit de sacrifice de ces morts, pour mieux pouvoir réclamer ensuite aux vivants, aux petits, les mêmes vertus.

Souhaitons plutôt que s'instaure une paix véritable fondée sur la justice. Un monde sans guerre, est-ce une utopie ? Ce temps de paix ne pourra cependant advenir que si l'on cesse de "vouloir la paix" en paroles tout en "préparant la guerre" en actes. La "paix armée" n'est pas la paix. Cette dernière viendra d'un désarmement concerté des nations et de la création d'une force inter, multi et supranationale de maintien de la paix.

En outre, il y a l’"individu broyé par la société moderne", "empêché de vivre avec plénitude" du fait d'une autre guerre : économique. La paix, ce serait donc aussi un climat de concorde, de coopération plutôt que de méfiance, d'hostilité. "Vivre en paix", "Faire la paix" et renoncer à concourir, à concurrencer, à rivaliser, à lutter pour gagner, et finir par se perdre. Ne pas comparer. Ne se mesurer qu'à soi pour progresser.

"Avoir la paix", voilà donc peut-être notre vœu le plus cher. Arrêter de subir les contraintes, les pressions, les menaces, refuser l'agressivité, la brutalité, la violence, aspirer à la quiétude, à l'harmonie, à la fraternité. Et "Goûter une paix profonde", "Avoir la conscience en paix", loin du bruit, de l'agitation et du désordre. Question de volonté ? Oui, vouloir la paix et aller jusqu'à l'exiger : "La paix !", "Fichez-nous la paix !".

08/11/2021

"Souviens-toi, homme, que tu es poussière..."

«Les vivants ont peur des morts. C'est pourquoi ils disent immanquablement du bien de ceux qui viennent de disparaître» écrivait Françoise Giroud qui "détestait les embaumements" d'après le journal Le Monde. La cofondatrice de L'Express, journaliste et écrivain, secrétaire d'Etat à la condition féminine puis à la culture avait peut-être raison. Mais on peut ajouter que les vivants espèrent peut-être aussi qu'ils seront "payés de retour".

Un bel éloge funèbre prononcé si possible par une personnalité, n'est-ce pas un beau rêve pour un mortel ? Le voilà paré de toutes les qualités pour franchir les portes du paradis. Si c'est un "important", et mort en exercice, on saluera son dévouement exemplaire, le don de sa personne, son sacrifice jusqu'au bout..., et blablabla. En oubliant qu'il n'a fait que ce qu'il aimait et que souvent ce sont ses proches qui ont été sacrifiés.

Sœur Emmanuelle, avec son franc-parler, disait dans son livre Vivre, à quoi ça sert ? chez Flammarion : «On me parle de sacrifice, ça me fait rigoler ! Quand on aime, il n'y a pas de sacrifice, mais une dilatation. Le sacrifice, c'est encore de l'égoïsme pur. Celui ou celle qui prétend se sacrifier ne fait que construire l'idole de soi-même, sa statue héroïque de sainte-Nitouche que les autres doivent élever sur l'autel dressé à sa propre gloire».

Les justifications souvent avancées, tels «Le service des autres, le souci du bien public, écrivait l'académicien Bertrand Poirot-Delpech dans Le Monde, ne servant qu'à masquer, chez ces ambitieux pathologiques, le soin de leur statue, de leur stature, d'une certaine pause, regard à la caméra, sérieux comme un pape, torse et front bombés, mèche proprette de communiant n'en revenant pas, décidément, d'être soi, si excellent».

Mais pour lui comme pour le commun des mortels commence le retour au néant. La crémation est la solution qui a tout pour plaire. Définitive, rapide, pratique, économique, "hygiénique" (sic), tout y pousse, y compris les constructions de crématoriums et les progrès de l'incrédulité. Et puis, peut-être qu'à la peur de mourir se superpose la peur de pourrir ; le culte du corps mettant ainsi à mal le culte des morts dont on perd la trace.

Sinon on attend la fin de la concession dans le cimetière, au plus deux générations, quand plus personne ne le réclamera, pour jeter ses restes dans la fosse commune ou pour les incinérer et les disperser sur "les jardins du souvenir" comme ils disent, qui sont en fait les décharges de l'oubli. Un mort ne survit ici-bas que le temps de la mémoire de ceux qui l'ont connu. Ni les regrets ni son souvenir ni même son repos ne sont éternels.

10/10/2019

Souvenir d'Octobres rouges

Nous ne pouvons plus dire que nous ne savons pas. Les livres sont là qui décrivent par le menu ce que furent les différents régimes communistes sous toutes les latitudes. Certains de ces ouvrages ont d'ailleurs provoqué des réactions de la part de ceux qui ne mobilisent leur mémoire que sur l'horreur nazie. Amnésie curieuse qui est autant une faute historique qu'une offense à toutes les victimes.

Le passé d'une illusion de François Furet en 1995 et plus encore Le livre noir du communisme en 1997 (pour les plus connus) sont revenus sur cette page d'histoire qui n'en finit pas de se tourner, tant l'on refuse ici et là d'admettre la réalité, de regarder la vérité historique en face. Mais les faits sont tenaces : quel que soit le pays, le communisme au pouvoir a semé mort et désolation.

Ainsi dès 1917 en Russie, rappelait Jean Sévillia dans son livre Le terrorisme intellectuel, de 1945 à nos jours paru chez Perrin en 2000, Lénine surnomme le commissariat à la Justice «commissariat à l'extermination sociale», les bolcheviques gazent les paysans rebelles, affament la région de la Volga (5 millions de morts), puis l'Ukraine (5 à 6 millions de victimes).

Le bilan général du communisme est ainsi par ses dimensions à peine croyable : 20 millions de morts en URSS, 65 millions en Chine, 6,5 millions en Asie, 1 million en Europe de l'Est, 1,7 million en Afrique, 150 000 en Amérique latine. Soit au total près de cent millions d'êtres humains rayés de la planète au nom d'une idéologie censée vouloir le bonheur du peuple, mais malgré lui.

Le nazisme et le communisme sont des frères siamois dont l’un, sous diverses formes, survit encore en Chine, en Corée du Nord… Ce qui les relie : concentration des pouvoirs, culte du chef, parti unique, propagande continuelle, mobilisation des masses, contrôle policier, répression, élimination de catégories de population, embrigadement de la jeunesse, haine des valeurs anciennes et de toute religion...

Pour autant, si le nazisme utilisa l'expropriation, les camps de concentration, les massacres planifiés, la déportation et les camps d'extermination, le bolchevisme ne fit pas appel à ces derniers mais ajouta l'exécution judiciaire de personnes innocentes et la famine organisée. Ce devoir de mémoire dû au génocide juif, unique par son aspect "industriel", les suppliciés du communisme y ont droit aussi.