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08/07/2014

Sortir du rang ou rentrer dans le rang

«Ce n'est pas faire preuve de courage que de s'en prendre à des choses séculaires ou désuètes, pas plus que de provoquer sa grand-mère. L'Homme réellement courageux est celui qui brave les tyrannies jeunes comme des matins et les superstitions fraîches comme les premières fleurs» écrivait Gilbert Keith Chesterton, cité par Paul-Marie Coûteaux dans son livre Un petit séjour en France aux éditions Bartillat.

Et ils sont nombreux les "courageux" qui s'attaquent aux traditions, principes, œuvres... des siècles passés, et passés de mode. Tous ces "héros" qui tirent sur les ambulances et enfoncent les portes ouvertes. Tous ces "braves" qui bravent des interdits qui n'en sont plus. Tous ces dispensateurs de formules toutes faites et de paroles creuses pour mieux se couler dans le moule. Tous ces suivistes de l'air du temps.

Surtout ne pas faire de vagues et prendre de risques. Non, aller dans le sens du vent et caresser dans le sens du poil. Frapper seulement ce qui est à terre. Roger Caillois disait : «Ce sont les mêmes âmes qu'on voit ramper devant les forts et humilier les faibles» ; et «(...) se conformer aux opinions, règles et convenances» (Valéry Larbaud), et aux circonstances. Se comporter suivant l'usage "Parce que", "C'est comme ça".

Beaucoup de nos contemporains se soumettent ainsi à la consigne : "II faut être de son époque, vivre avec son époque" ; quitte à avaler des couleuvres, à sombrer dans le ridicule. Cédant aux sirènes de la nouveauté, ils s'échinent à être "in", "dans le coup", se bornent à l'actualité. Et se plient aux diktats des gourous de la modernité : "II faut savoir s'adapter, être souple, capable d'évoluer". Prêts à tout pour être admis.

Jusqu'où ? Jusqu'où les "II faut" nous mèneront-ils avec notre assentiment ou du moins notre absence de désapprobation ? Jusqu'où le "respect étroit de la norme", l'obsession de la normalisation, l'habitude, la règle établie, "ce qui doit être", l'obéissance à l'establishment nous entraîneront-ils ? Jusqu'où irons-nous à coups de "provocations", de ballons d'essai, d'abord rejetés, puis vite tolérés, et finalement acceptés ?

Les «tyrannies» et les «superstitions» dont parle Chesterton, s'étalent peut-être devant notre nez. Ne les voyons-nous pas malgré tout ? Ou n'avons-nous pas le courage plutôt de les dénoncer et de les combattre ? Etant trop faibles ou trop lâches ; ayant trop peur de déplaire aux gens en place occupés à garder leur rang, leurs privilèges ; ayant trop peur de perdre notre propre place "dans le rang", dont nous nous contentons.

20/06/2014

Le parasite : l'ennemi de l'intérieur

Sans être dans l'oisiveté, le parasite se caractérise par la défense de sa tranquillité, la recherche de toutes les faveurs et facilités, et une paresse d'esprit. Il se réserve les bonnes places, les planques, où le travail est aisé, hors contrôle, ou consiste à faire travailler les autres. Il botte en touche (se débarrasse des problèmes en éludant les difficultés), refile les tâches ingrates, se défausse des corvées, fuit les responsabilités.

II sait obtenir des autres ce qu'il veut, les mettre dans sa poche. Il abuse de leur gentillesse, de leur bonne volonté, les exploite sans vergogne. Ses armes : la flatterie et le louvoiement ; la contrainte aussi s'il est en position dominante. Coutumier du fait accompli et habitué à jouer la montre, le temps travaille pour lui, le temps qui urge ou le temps qui use. Pressant ou épuisant, il parvient souvent à ses fins.

Partisan du moindre effort, il rechigne à l'ouvrage, ne fait que ce qui l'arrange, ce qui lui plaît, en fait le minimum. Il s'approprie les idées des autres, copie, pille, pompe sans états d'âme. Le parasite est un tricheur et un profiteur. Il fait semblant d'avoir beaucoup à faire, fait du vent, papillonne, mais en fait profite de la, de sa situation, et du système. Allant jusqu'à utiliser pour son propre compte les moyens collectifs.

L'esprit d'équipe, connaît pas. Il joue perso, préserve avant tout ses intérêts, tire la couverture à lui - s'attribue tout le mérite d'une réussite - et fait porter le chapeau aux autres en cas d'échec. Il sait "ouvrir le parapluie", ne reconnaît jamais ses torts ; prêt même à faire payer ses erreurs à autrui. Pas franc du collier, il ne connaît que le faux-fuyant et parfait imposteur, arrive à tromper son monde et même à en imposer.

Il faut dire qu'il connaît l'art de la mise en scène et joue son rôle à merveille, cherchant toujours à paraître et à se faire valoir. La parole facile, habile à cultiver ses relations, roublard, retors, il intrigue, brode, noie le poisson pour obtenir satisfaction, bénéficier de passe-droits, "présenter la note". Très à cheval sur ses prérogatives, tout lui est dû. Il ne se refuse rien ! et refuse beaucoup aux autres. Il vit aux frais de la princesse.

Lié peut-être à l'esprit capitaliste, le parasitisme s'étend comme une gangrène. Le parasite "fait des petits". Mais à vivre ainsi aux dépens de leur hôte, ces pique-assiettes le vident de sa substance. Pas seulement superflus ou gênants, les parasites sont une charge pour toute collectivité et peuvent lui porter préjudice de façon irrémédiable. "Aux crochets", ils la rongent de l'intérieur. Ils sont les ennemis de l'intérieur.

10/06/2014

Comme des pois(s)ons dans l'eau

La psychopathie est d'après Le Petit Robert, une "Déficience mentale constitutionnelle caractérisée essentiellement par l'impulsivité, l'instabilité, l'incapacité d'adaptation au milieu menant à des conduites antisociales". Cette maladie semble rédhibitoire pour mener une vie normale et exercer une responsabilité. Détrompez-vous ! Les psychopathes sont peut-être plus dans leur élément qu'on ne le pense, dans ce monde de fous.

L'Américain Paul Babiak est psychologue en organisation industrielle. Il prenait la parole il y a une huitaine d'années à l'EuroScience Open Forum de Stockholm devant une assemblée de consœurs et confrères distingués, et le journal Le Pays en rendait compte dans ses colonnes. Ses observations sont fondées sur les dernières recherches dans ce domaine et sur son expérience notamment de consultant pour des compagnies américaines.

La plupart bien intégrés, «Les psychopathes ont tendance à être charmants, a-t-il noté, ont une grande estime d'eux-mêmes, et ils aiment l'argent, le pouvoir et le sexe. Ils ont une excellente aptitude à s'exprimer, et ils peuvent manipuler (leur auditoire) en racontant une bonne histoire. Puisqu'ils peuvent être grandiloquents, vous pensez qu'ils ont une vision et qu'ils peuvent diriger une organisation, mais un psychopathe vous dupera.»

Car «Les psychopathes peuvent raconter une belle histoire, mais ils sont incapables de faire le travail quotidien. Ils sucent le sang des autres» affirme le Docteur Babiak. Un monde rapace, et violent et instable, leur va donc comme un gant, et leur tendance à des conduites antisociales les aide à prendre des mesures antisociales sans aucun scrupule. Ce qui peut être bien utile pour des entreprises réclamant qu'on tranche dans le vif.

Ambitieux et charismatiques, ils bousculent et séduisent tout à la fois. Joueurs, ils recherchent les sensations fortes, l’ivresse du fruit défendu, flirtent avec la ligne jaune. Durs et insensibles, ils exploitent ceux qui dépendent d'eux, sans pitié, et aussi toutes les failles, les créneaux, les ouvertures, les espaces libres, les vides juridiques... Leur déséquilibre n'empiète pas sur leurs capacités intellectuelles. Ils peuvent être redoutables.

En tant que consultant, Paul Babiak a décelé huit psychopathes sur près de cent salariés rencontrés, et sept ont eu de l'avancement. Il n'y a pas de normaux et d'anormaux, il y a des gens adaptés à la situation et les psychopathes sont adaptés au monde dans lequel nous vivons. Ils vont donc prospérer, annonce le psychologue américain. Présents dans toutes les professions, ces "tueurs" ont de l'avenir dans notre "univers impitoyable".