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02/10/2020

La bienveillance gratuite fait le bonheur

«Depuis toujours, tous les hommes, d'une manière ou d'une autre, attendent dans leur cœur un changement, une transformation du monde.» C'est peut-être d'autant plus vrai en cette période de crise où après les espoirs ou velléités de réformes, le secteur économico-financier reprend ses activités dites normales. «(...) Il existe aussi un sentiment de frustration, d'insatisfaction de tout et de tous. On ne peut alors que s'exclamer : il n'est pas possible que ce soit cela la vie !»

Dans un monde "sans foi ni loi" où "L'homme est un loup pour l'homme" et où l'activité principale consiste à "faire de l'argent" ("to make money" disent les anglophones et anglophiles), entre ceux qui doutent de tout et d'abord d'eux-mêmes et ceux qui "ne doutent de rien", un homme faisait entendre sa petite voix et indiquait une voie. Cet homme, c'était à l'époque le nouveau pape Benoît XVI, et nous étions en plein mois d'août 2005 à Cologne pour les Journées mondiales de la jeunesse.

Que l'on ne s'y trompe pas : la douceur de ton n'empêchait pas la fermeté sur le fond : «(...) liberté ne veut pas dire jouir de la vie, se croire absolument autonomes, mais s'orienter selon la mesure de la vérité et du bien, pour devenir de cette façon, nous aussi, vrais et bons». «Seule l'explosion intime du bien qui vainc le mal, disait-il par ailleurs, peut alors engendrer la chaîne des transformations qui, peu à peu, changeront le monde.»

Pour «renouveler vraiment le monde» et faire en sorte que «la violence se transforme en amour», il faut donc selon lui qu'en premier lieu l'homme s'achète une conduite, se rachète. De l'individuel à l'universel, c'est la conversion des cœurs qui transfigurera le monde. «Capacité à pardonner», «Sensibilité aux besoins de l'autre», «Disponibilité à partager», «Engagement envers le prochain», voilà pour lui la voie, la vérité et la vraie vie.

Nous sommes tous capables des meilleures actions. Et ajoutait-il : «Il existe aujourd'hui des formes de bénévolat, des modèles de service mutuel, dont notre société a précisément un besoin urgent. Nous ne devons pas, par exemple, abandonner les personnes âgées à leur solitude, nous ne devons pas passer à côté de ceux qui souffrent (...). Alors nous ne nous contenterons plus de vivoter, préoccupés seulement de nous-mêmes (...)».

«En vivant et en agissant ainsi, nous nous apercevrons bien vite qu'il est beaucoup plus beau d'être utiles et d'être à la disposition des autres que de se préoccuper seulement des facilités qui nous sont offertes» concluait Benoît XVI, qui réaffirmait là une idée-force aux croyants et à tous les hommes de bonne volonté qui aspirent aux grandes choses et veulent s'engager pour un monde meilleur : "II y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir".

 

P.-S. : après avoir beaucoup donné à l'église et au monde, Benoît XVI achève en retrait(e) son parcours sur la Terre. Il nous reste à recevoir ces paroles de vérité prononcées dès son premier voyage apostolique, en inauguration de son pontificat, et à passer aux actes. Que l'on soit ou pas disciple de Jésus-Christ, mis à mort il y a 2000 ans pour avoir dérangé l'ordre établi et qui dérange encore aujourd'hui. Le monde ou notre vie, rien n'est irrévocable, tout peut recommencer. Cela ne dépend que de nous. A nous de renaître.

15/09/2020

Les élites, les médias et les masses

La question de la crédibilité des médias renvoie à l'idée de vérité qui n'a rien à voir avec celle de sincérité. La bonne foi ne préserve pas de l'erreur : je peux être sincère et "être dans le faux" ; je peux me tromper sincèrement. La vérité est un absolu. Seule la vérité rend libre. Mais vis-à-vis de la vérité et du mensonge, les "mass média" ne pèchent-ils pas en pensée, en parole, par action et par omission, comme chacun d'entre nous ?

D'abord, voulons-nous être libres ? Pouvons-nous l'être dans nos sociétés modernes ? Ne préférons-nous pas à tout prendre, la sécurité à la liberté ? Et si la possibilité nous en était offerte, saurions-nous être libres ? Quant aux médias, peuvent-ils, doivent-ils dire toute la vérité, rien que la vérité et le jurer ? On peut en douter. La plupart des "hommes responsables" ayant répondu de tout temps par la négative.

Les présupposés qui obscurcissent notre perception de la société, se retrouvent naturellement dans les médias. Le risque pour ces derniers et les élites dirigeantes réside dans l'écart entre la réalité vécue et sa "représentation" convenue ou idéalisée. Quand celui-ci se creuse trop, c'est comme si un coin du voile se soulevait, comme si l'envers du décor apparaissait. Les médias et les responsables se décrédibilisent.

Le rôle essentiel des médias est - en dehors de participer à la création de besoins nouveaux - de faire lien, de relier (voire de lier, de rendre dépendant), c'est-à-dire en clair d'aider au maintien de la cohésion sociale, de la paix sociale, de la stabilité. Pour autant, nulle "théorie du complot" ici, comme l'expliquent Noam Chomsky et Edward S. Herman dans leur livre La Fabrique de l'opinion publique (Le Serpent à Plumes).

Pour eux : «La plupart des préjugés médiatiques ont pour cause la présélection d'un personnel bien-pensant qui intériorise des idées préconçues et s'adapte aux contraintes exercées par les propriétaires, le marché et le pouvoir politique». Ainsi «La censure est généralement de l'autocensure», et avant tout par conformisme. Et l'information, la vérité sont tronquées au prétexte que le peuple ne pourrait pas comprendre.

«Qui a crevé les yeux des hommes leur reproche d'être aveugles» écrivait John Milton. Daniel Carton dans Bien entendu... c'est off chez Albin Michel, cite Paul Valéry : «La politique, c'est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde». Et ajoute : «De cet art, la presse politique s'est fait le premier serviteur». Contribuant ainsi à façonner des masses ignorantes et dépendantes, plutôt que des individus éclairés et libres.

16/08/2020

Mélodies d'été, mélancolie d'hiver

«Des villas, des mimosas, Au fond de la baie de Somme, La famille sur les transats, Le pommier, les pommes. Je regardais la mer qui brille dans l'été parfait. Dans l'eau se baignaient des jeunes filles qui m'attiraient.» La chanson d'Alain Souchon exprime la nostalgie de l'enfance et des vacances en famille. On avance, tel est son titre ; évocateur de la fuite des jours et de nos fuites : "en avant" ou "devant nos responsabilités".

On est cette «Foule sentimentale» dont parle encore Alain Souchon : «On a soif d'idéal - Attirée par les étoiles, les voiles - Que des choses pas commerciales». Le temps des vacances est aussi celui de l'abandon - de la détente, de la nonchalance - et de l'abandon de notre vie bassement matérielle et de ses intérêts. Tout à la "satisfaction" de nos "aspirations du cœur ou de l'esprit", nous retrouvons pour un moment notre naturel.

Mais «Foule sentimentale - II faut voir comme on nous parle - Comme on nous parle» continue Alain Souchon. Car dès la rentrée, le matraquage reprendra. Nous serons à nouveau bombardés : «0h la la la vie en rose - Le rose qu'on nous propose - D'avoir les quantités d'choses - Qui donnent envie d'autre chose - Aïe, on nous fait croire - Que le bonheur c'est d'avoir - De l'avoir plein nos armoires - Dérisions de nous dérisoires (...)».

«Il se dégage - De ces cartons d'emballage - Des gens lavés, hors d'usage - Et tristes et sans aucun avantage - On nous inflige - Des désirs qui nous affligent - On nous prend faut pas déconner dès qu'on est né - Pour des cons alors qu'on est - Des - Foules sentimentales - Avec soif d'idéal (...)». Une soif de bien-être, un "désir passionné et impatient" - "ardent" - de nous accomplir, de nous épanouir, de nous réaliser pleinement.

«La France ne se réalise pleinement que dans l'harmonieux équilibre» écrivait André Gide. N'est-ce pas ce qui nous manque cruellement ? N'est-ce pas ce que nous recherchons désespérément ? L'harmonie, l'équilibre, comme dans notre enfance ou en vacances. Mais «Il y a tant de vagues et de fumée - Qu'on arrive plus à distinguer - Le blanc du noir - Et l'énergie du désespoir (...)» chantait Michel Berger dans Le paradis blanc.

«Y a tant de vagues, et tant d'idées - Qu'on arrive plus à décider - Le faux du vrai - Et qui aimer ou condamner (...)». Alors peut-être faut-il mettre à profit ces quelques jours de vacances pour retrouver nos esprits, et retrouver les jours où «On voulait tout le monde refaire». Et «Recommencer là où le monde a commencé (...)- Loin des regards de haine - Et des combats de sang (...) - Comme dans mes rêves d'enfant (...)».