05/11/2013
Un horizon pour avancer
Pour mieux comprendre la situation actuelle, il suffit d'un seul chiffre : seuls 15 % des Français jugaient en 2004 que le monde allait dans la bonne direction, selon une enquête réalisée par l'institut de sondage TNS-Sofres et Capgemini auprès de 2 298 salariés. Et Le Monde qui en rendait compte, ajoutait que c'était «Une opinion partagée par un Britannique sur trois, près d'un Américain sur deux, et trois Chinois sur quatre».
Les Occidentaux et les Français - «parmi les plus pessimistes» - étaient déjà en train de prendre conscience qu'ils avaient mangé leur pain blanc ? En tout cas, la confiance était du côté du soleil levant et du soleil au zénith. La Chine s'éveillait mais aussi l'Inde et d'autres pays comme le Brésil qui ne rêvent que d'une chose : notre mode de vie. Ils ont faim et ce ne sont pas des peuples rassasiés jusqu'au dégoût qui les empêcheront de l'assouvir.
Ceci dit, derrière les "miracles économiques", il y a des réalités humaines qu'on peut comparer à celles de notre XIXe siècle. Mais l'horizon qui est montré à ces populations, les entraîne et les entraînera sans doute jusqu’"au point où nous en sommes". Désenchantés, les Français ont découvert les mirages du "miracle", réalisé qu’"il n'y a pas de quoi crier miracle" et cessé de "Croire aux miracles", d’"être crédules et optimistes".
Aujourd'hui, les horizons sont limités et n'ont rien de nouveau. Les perspectives d'avenir se bornent à un «Croissez et multipliez» biblique sans borne. Et pour tout dire, nos décideurs avec leur compétition permanente, semblent ennuyer nombre de nos concitoyens. «La seule politique possible» multiplie les contraintes impersonnelles, anonymes, qui font des hommes ce qu'elles "veulent" et frappent en premier lieu les "sans défense".
Combien d'hommes sont des "malgré-nous", enrôlés de force dans une logique qui leur fait "faire des choses à contrecœur" ?! Valéry écrivait : «Ce ne sont pas du tout les "méchants" qui font le plus de mal en ce monde». Non, ce sont des "gens bien" - certains aux grands pouvoirs, de grand savoir - qui assument tous leurs devoirs et causent des torts "sans le vouloir" et sans avoir à les réparer. Alors quelle arme reste-t-il au "désarmé" ?
A force d'être "mis devant le fait accompli" ou devant «l'inéluctable», il peut se raidir, se figer, "envoyer tout promener" et "jeter le bébé avec l'eau du bain". Marre d'y aller "à son corps défendant". Ce qu'il aimerait, c'est "changer d'horizon", "voir autre chose". Qu'attendent nos gouvernants pour "ouvrir des horizons nouveaux", proposer des projets d'avenir ? Car il faut un objectif en vue, "avoir un but dans la vie" pour avancer.
10:16 Publié dans Progrès | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : situation actuelle, les français, le monde va-t-il dans la bonne direction ?, institut de sondage tns-sofres, capgemini, enquête auprès de 2298 salariés, journal le monde, britannique, américain, chinois, les occidentaux, pessimistes, avoir mangé son pain blanc, confiance, chine, inde, brésil, mode de vie, avoir faim, peuples, rassasiés jusqu'au dégoût, miracles économiques, réalités humaines, dix-neuvième siècle, horizon, populations, désenchantés, mirages du miracle, pas de quoi crier miracle, croire aux miracles, crédules et optimistes, perspectives d'avenir, croissez et multipliez, décideurs, compétition permanente, la seule politique possible, contraintes, sans défense, malgré-nous, logique, paul valéry, méchants, mal, gens bien, devant le fait accompli, l'inéluctable, changer d'horizon, gouvernants, ouvrir des horizons nouveaux, projets d'avenir | Facebook |
29/10/2013
"Faire la paix avec la mort"
On devrait toujours vivre comme si on allait mourir le lendemain. On devrait toujours vivre là où l'on aimerait mourir. Le refoulement de la mort fait faire à l'homme bien des choses sans importance. Et seules les situations où il voit la mort de près paraissent révéler ce qui au fond le fait vivre. Dans ces instants, paraît-il, la personne en danger de mort voit sa vie défiler devant ses yeux, et tous les témoignages concordent.
En quelques secondes, ces flashs dévoilent l'intime. Rien de la vie professionnelle, publique, uniquement la vie privée. Ce qui passe en accéléré dans la tête de l'être humain sur le point de mourir, c'est tout ce qui le rattache à la vie : des gens et des endroits qu'il aime, des moments de bonheur à manger et à boire, à rire et à chanter, à rêver et à créer, à converser et à contempler, à lire et à faire ou écouter de la musique...
Ces bribes de vie qui reviennent en mémoire quand on frôle la mort, voilà le plus important. Tout le reste est secondaire. Pourtant c'est tout le reste qui occupe une bonne partie de la vie. Quelle est donc cette folie qui fait perdre de vue ce qui fait les joies de la vie ?! Comment un être dit vivant peut en arriver à ne plus donner signe de "vie", à ne plus avoir de réflexe de survie, à négliger son premier devoir : se maintenir en vie ?
Comment même "le seul animal qui se sait mortel et qui se veut immortel" peut préférer la mort, vouloir mourir ? Comment le désir d'échapper à la mort peut se muer en désir de se donner la mort ? Comment les pulsions de vie peuvent être submergées par les pulsions de mort ? La réponse est peut-être dans cette finitude qui peut conduire à juger que la vie est absurde et insignifiante, et ne vaut pas la peine d'être vécue.
Comment alors faire revenir à la vie un monde suicidaire qui nie la nature de l'homme en le précipitant dans le vide d'une existence sans but, et attente à sa et à la vie par mille poisons ? «Un monde occupé moins de vivre que de se hâter vers la mort» selon Georges Duhamel, oublieux de ce qui fait le sel de la vie et courant à l'échec. Comment ? En l'incitant peut-être à «faire la paix avec la mort» suggère Alain Finkielkraut.
«Chaque instant de la vie est un pas vers la mort» écrivait Corneille. Gardons cela en tête et regardons la mort en face pour choisir ce qui dans la vie vaut la peine d'être vécu et pour pouvoir se dire à la fin qu'on a vécu, qu'on a eu "une vie pleine, riche d'expérience et d'enseignements" qui peut avec un peu de chance nous amener à mourir en paix, malgré tout. «Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés» disait Péguy.
10:09 Publié dans Mort | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vivre, mourir, refoulement de la mort, choses sans importance, voir la mort de près, ce qui fait vivre l'homme, ce qui rattache l'homme à la vie, les joies de la vie, donner signe de vie, réflexe de survie, se maintenir en vie, préférer la mort, vouloir mourir, désir de se donner la mort, pulsions de vie, pulsions de mort, finitude, vie absurde et insignifiante, vie qui ne vaut pas la peine d'être vécue, revenir à la vie, monde suicidaire, nature de l'homme, le vide d'une existence sans but, poisons, georges duhamel, le sel de la vie, courir à l'échec, alain finkielkraut, corneille, regarder la mort en face, choisir ce qui vaut la peine d'être vécu, une vie pleine, expérience, enseignements, mourir en paix, péguy | Facebook |
25/10/2013
Pas une minute à perdre
Avez-vous remarqué que la "Minute de silence" dure rarement une minute ? Avez-vous remarqué de plus qu'elle ne dure jamais plus d'une minute mais toujours moins d'une minute ? La "Minute de silence" devrait en fait s'appeler les "Quelques secondes de silence". Pourquoi diable cette "Minute" se refuse à faire son temps ? Quel est donc ce sortilège qui s'abat sur toutes les "Minutes de silence", les condamnant ainsi à être raccourcies ?
Rappelons d'abord grâce au Petit Robert que ladite "Minute de silence" est un hommage rendu à un ou des morts en demeurant debout, immobile et silencieux. Et ajoutons que l'explication est peut-être dans cette définition. Car en effet quoi de plus anachronique que ce rituel dans le monde actuel ?! Un monde où il ne se passe pas une minute sans qu'il se passe quelque chose, alors que durant une "Minute de silence", il ne se passe rien.
La "Minute de silence", c'est l'absence de tout bruit, de tout mouvement ; juste les pensées qui tournent et retournent dans les cerveaux. Certaines de ces pensées n'ayant d'ailleurs peut-être qu'un lointain rapport avec le ou les morts concernés. Et puis il y a cette contenance à se donner, car ce genre de garde-à-vous peut s'avérer très embarrassant : faut-il joindre les talons ? les bras doivent-ils être le long du corps ou croisés ? Etc.
Qui plus est, rendre un ixième hommage à une ou des personnes disparues paraît inutile à ceux plus soucieux de les recevoir (les hommages) de préférence de leur vivant. Avides d'être honorés par des marques, des témoignages de respect, d'admiration, de reconnaissance, et que leur mérite, leur talent ou leur vertu soit salué, les voici donc tout décontenancés de devoir honorer, saluer la mémoire de morts qui ne comptent plus.
En fait, les morts dérangent les vivants, ils les empêcheraient presque de vivre. "Hodie mihi, cras tibi : aujourd'hui moi, demain toi" nous disent-ils d'outre-tombe. Alors on les cache et on ne leur accorde que le minimum de temps. Car celui-ci est précieux. Il n'y a pas une minute à perdre quand il s'agit d'être en avance sur les autres et sur son temps, tout comme il est intenable de rester immobile dans une société qui a la bougeotte.
Et puis garder le silence quand le bruit et le tapage sont la mesure de l'activité ou de la capacité, de même que se tenir debout quand beaucoup sont assis ou couchés, courbés, à genoux ou à plat ventre, vous n'y pensez pas ! Non, toujours rampant et en mouvement, bruyant et bavard, voilà l'homme modèle. Proposons donc une "Minute de silence" pour l'homme qui sut demeurer debout, immobile et silencieux... plus d'une minute.
10:27 Publié dans Mort | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : minute de silence, hommage rendu à un ou des morts, debout, immobile, silencieux, rituel anachronique, monde actuel, bruit, mouvement, pensées, contenance, garde-à-vous, rendre un hommage, recevoir les hommages, honorés, respect, admiration, reconnaissance, mérite, talent, vertu, honorer, saluer la mémoire des morts, accorder le minimum de temps, le temps est précieux, pas une minute à perdre, être en avance sur les autres, être en avance sur son temps, intenable, société, bougeotte, tapage, activité, capacité, assis, couchés, courbés, à genoux, à plat ventre, rampant, en mouvement, bruyant, bavard, l'homme modèle | Facebook |